Fin de vie : le débat crucial reporté par le gouvernement Barnier

Michel Barnier repousse l'examen du projet de loi sur la fin de vie, malgré un fort soutien public. Ce report soulève des questions sur l'engagement du gouvernement envers cette réforme sociétale majeure.

3 octobre 2024, 09:09  •  0 vues

Fin de vie : le débat crucial reporté par le gouvernement Barnier

Le 1er septembre 2024, Michel Barnier a prononcé sa déclaration de politique générale, promettant "écoute, respect et comptes à rendre aux Françaises et aux Français". Cependant, son traitement du projet de loi sur la fin de vie a suscité des inquiétudes quant à l'engagement du gouvernement envers cette réforme sociétale majeure.

Le projet de loi, qui vise à autoriser l'euthanasie ou le suicide assisté pour les malades en fin de vie majeurs sous certaines conditions, soulève des questions éthiques cruciales. Il s'inscrit dans un contexte international où plusieurs pays ont déjà légiféré sur ce sujet sensible. Par exemple, la Belgique a légalisé l'euthanasie en 2002, suivie des Pays-Bas en 2003, tandis que la Suisse autorise le suicide assisté depuis 1942.

Malgré un soutien public important - 90% des Français se disent favorables à une aide médicale pour abréger une vie intenable - Barnier a adopté une approche prudente. Il a promis de "reprendre le dialogue" au début de 2025, sans fournir de calendrier précis ni d'intention claire.

"Il faut terminer le travail"

Geneviève Darrieussecq, ministre de la santé

Cette position floue contraste avec l'appel de la ministre de la santé à "terminer le travail" et le soutien de 180 députés qui ont signé une proposition de loi reprenant le texte tel qu'il a été voté en juin 2024.

Le débat sur la fin de vie en France s'inscrit dans une évolution progressive du cadre légal. En 2005, la loi Leonetti a légalisé l'euthanasie passive, suivie en 2016 par la loi Claeys-Leonetti introduisant le droit à la sédation profonde et continue jusqu'au décès. Ces avancées reflètent une tendance internationale, avec des pays comme le Canada (2016), l'Espagne (2021) et la Nouvelle-Zélande (2020) ayant récemment légalisé l'aide médicale à mourir.

Le gouvernement fait face à des pressions contradictoires. D'un côté, l'opinion publique et une partie importante du parlement soutiennent le projet. De l'autre, il y a une opposition de la droite, des Églises et d'une partie des soignants. Cette situation rappelle les débats qui ont eu lieu dans d'autres pays, comme l'Italie qui a rejeté un référendum sur l'euthanasie en 2022, ou le Portugal où la loi a été bloquée par la Cour constitutionnelle en 2021.

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Le report de l'examen du projet de loi soulève des inquiétudes quant à la capacité du gouvernement à répondre aux attentes des citoyens. Alors que la crainte d'une déconnexion entre les élus et les préoccupations des citoyens grandit, remettre aux calendes grecques l'examen de ce projet serait incompréhensible.

Il est crucial que le gouvernement remette sans délai le texte sur la fin de vie à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale. Ce débat, qui s'inscrit dans une réflexion mondiale sur la dignité en fin de vie, ne peut être indéfiniment reporté sans risquer d'éroder davantage la confiance des citoyens envers leurs représentants.