Hausse alarmante des agressions contre les soignants en France

Les incidents violents contre les professionnels de santé en France ont augmenté de 27% en 2023. Les médecins généralistes sont les plus touchés, avec une sous-déclaration importante des cas.

8 octobre 2024, 18:58  •  14 vues

Hausse alarmante des agressions contre les soignants en France

La violence envers les professionnels de santé en France atteint des niveaux préoccupants, avec une augmentation significative des incidents signalés. Selon les données présentées par le Conseil national de l'ordre des médecins le 8 octobre 2024, 1 581 incidents ont été recensés en 2023, marquant une hausse alarmante de 27% par rapport à l'année précédente.

Cette tendance inquiétante s'inscrit dans un contexte plus large de tensions croissantes dans le secteur de la santé. Le docteur Jean-Jacques Avrane, coordonnateur de l'Observatoire de la sécurité au sein de l'ordre, souligne que ces chiffres ne représentent que "la face visible de l'iceberg", la majorité des praticiens ne déclarant pas les violences subies.

Les types d'agressions signalées varient, mais les plus fréquentes sont les agressions verbales et les menaces, représentant 73% des cas. Les agressions physiques, les vols et le vandalisme constituent le reste des incidents rapportés. Il est important de noter que la formation à la gestion des conflits est de plus en plus intégrée dans les cursus médicaux pour aider les soignants à faire face à ces situations.

Les femmes sont légèrement surreprésentées parmi les victimes, comptant pour 56% des cas déclarés. Cette statistique soulève des questions sur la vulnérabilité potentiellement accrue des femmes dans le milieu médical.

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Les médecins libéraux sont particulièrement touchés, représentant près des trois quarts des agressions signalées. Cette situation est d'autant plus préoccupante que les médecins généralistes sont souvent les plus exposés aux agressions en milieu libéral. Certains hôpitaux ont réagi en installant des boutons d'alerte dans les cabinets de consultation pour améliorer la sécurité des praticiens.

Plusieurs cas récents ont marqué les esprits, notamment l'agression d'une généraliste à Marseille le 12 août 2023, une tentative de viol sur une médecin près de Nantes en septembre 2023, et le tragique décès de l'infirmière Carène Mezino, poignardée au CHU de Reims en avril 2023. Ces événements ont suscité une prise de conscience nationale et ont poussé le gouvernement à promettre une "tolérance zéro" assortie d'un plan comprenant une quarantaine de mesures.

Il est crucial de noter que la violence contre les professionnels de santé est un problème mondial. En France, le Code de la santé publique prévoit des sanctions spécifiques pour les agressions contre les soignants, mais la mise en œuvre de ces mesures reste un défi.

La pandémie de COVID-19 a exacerbé la situation, avec une augmentation des agressions liées aux mesures sanitaires. Cette période a également mis en lumière l'importance de la télémédecine, parfois présentée comme une solution pour réduire les risques d'agression physique.

"C'est inédit, et les chiffres sont tout à fait minimisés, la grande majorité des praticiens ne déclare pas [les violences subies], ce n'est que la face visible de l'iceberg."

Dr Jean-Jacques Avrane, coordonnateur de l'Observatoire de la sécurité au sein de l'ordre des médecins

Face à cette situation alarmante, la collaboration entre les services de santé et la police est souvent renforcée. Des campagnes de sensibilisation sont également menées pour rappeler le respect dû aux soignants. Cependant, l'impact de ces violences sur la santé mentale des professionnels, la qualité des soins prodigués, et le recrutement dans le secteur médical reste une préoccupation majeure.

Il est clair que des mesures supplémentaires sont nécessaires pour protéger efficacement les soignants et garantir un environnement de travail sûr dans le secteur de la santé. La résolution de ce problème complexe nécessitera une approche multidimensionnelle, impliquant non seulement le renforcement de la sécurité, mais aussi une meilleure gestion du stress et des attentes des patients.