Fondateur d'un groupe d'ultradroite condamné pour diffusion de textes terroristes

Le créateur de Vengeance patriote écope de 5 ans de prison pour avoir propagé des ouvrages extrémistes en ligne. Le tribunal impose des restrictions strictes, soulignant la gravité des infractions liées au terrorisme.

9 octobre 2024, 08:36  •  0 vues

Fondateur d'un groupe d'ultradroite condamné pour diffusion de textes terroristes

Le tribunal correctionnel de Paris a rendu son verdict le 8 octobre 2024 dans une affaire mettant en lumière les dangers de la propagation d'idéologies extrémistes en ligne. Lucas S., 28 ans, fondateur du groupuscule d'ultradroite Vengeance patriote, a été condamné à cinq ans d'emprisonnement pour avoir diffusé sur Internet des ouvrages interdits en France et incitant au terrorisme.

Cette condamnation s'inscrit dans un contexte de surveillance accrue de l'ultradroite par les services de renseignement français depuis 2017, reflétant les préoccupations croissantes concernant la radicalisation en ligne. Le tribunal a imposé des restrictions sévères à Lucas S., incluant un suivi socio-judiciaire de sept ans, l'interdiction d'exercer un emploi public et de porter une arme pendant dix ans, ainsi que son inscription au fichier des personnes condamnées pour terrorisme, créé en 2015.

Les charges retenues contre Lucas S. comprenaient la provocation à un acte de terrorisme par moyen de communication en ligne et l'apologie publique d'actes de terrorisme, des délits introduits respectivement en 2014 et 2015 pour renforcer la lutte contre la radicalisation. Entre janvier 2019 et décembre 2021, l'accusé a commercialisé via son site "Bibliothèque dissidente" des traductions d'ouvrages promouvant des idéologies d'ultradroite et légitimant le passage à l'acte terroriste.

Parmi les textes diffusés figuraient "Le Grand Remplacement" de Brenton Tarrant, auteur des attentats de Christchurch en 2019, "Les Carnets de Turner" de William Luther Pierce, leader néo-nazi américain, et le manifeste d'Anders Behring Breivik, responsable des attaques d'Oslo en 2011. Ces publications s'inscrivent dans un courant de pensée extrémiste promouvant des théories conspirationnistes comme celle du "grand remplacement", populaire dans les cercles d'extrême droite.

Lucas S. a également été accusé de promouvoir ces ouvrages par des commentaires incitatifs sur son site et sur des forums de discussion, notamment sur Discord, une plateforme de communication instantanée largement utilisée par diverses communautés en ligne. Cette activité souligne les défis auxquels sont confrontées les autorités dans la lutte contre la diffusion de contenus terroristes sur Internet.

Le groupuscule Vengeance patriote, fondé par Lucas S., se présentait comme une "communauté de frères d'armes" se préparant à un hypothétique "effondrement", un concept souvent lié aux théories conspirationnistes d'extrême droite. Le groupe prônait les entraînements sportifs et le survivalisme, un mouvement caractérisé par la préparation à d'éventuelles catastrophes.

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Lors de son procès, Lucas S. a nié toute affiliation à l'idéologie nazie, se déclarant "royaliste" et adepte d'actes "transgressifs". Cette affirmation fait écho à son passé au sein de l'Action française, un mouvement royaliste fondé en 1898. Cependant, il a reconnu les faits qui lui étaient reprochés, admettant avoir "manqué de recul".

La défense a plaidé pour un suivi socio-judiciaire, une mesure introduite en France en 1998, arguant que Lucas S. était "transgressif et déviant" plutôt qu'un terroriste. Néanmoins, le tribunal a opté pour une peine de prison ferme, reflétant la gravité des infractions liées au terrorisme, punissables jusqu'à sept ans d'emprisonnement en France.

Cette affaire met en lumière les tensions entre la liberté d'expression et la nécessité de prévenir l'incitation à la haine et au terrorisme. Elle souligne également l'importance de la vigilance face à la propagation d'idéologies extrémistes en ligne, un défi majeur pour les autorités françaises et internationales dans la lutte contre la radicalisation et le terrorisme.