Évacuation massive au Sud-Liban face à l'escalade des tensions

Face aux opérations militaires israéliennes, 27 localités du Sud-Liban sont évacuées. Le village chrétien d'Aïn Ebel trouve refuge à Rmeich, tandis que le Hezbollah affirme repousser une infiltration.

2 octobre 2024, 08:36  •  105 vues

Évacuation massive au Sud-Liban face à l'escalade des tensions

Dans un contexte de tensions croissantes à la frontière libano-israélienne, une évacuation massive a été ordonnée dans le sud du Liban. Le 1er octobre 2024, les autorités israéliennes ont exhorté les habitants de 27 localités situées près de la ligne bleue, une démarcation établie par l'ONU en 2000, à quitter immédiatement leurs foyers.

Parmi ces villages, Aïn Ebel, une communauté chrétienne maronite de 800 âmes, située à seulement quatre kilomètres de la frontière. Les résidents ont rapidement cherché refuge dans la ville voisine de Rmeich, qui n'a pas reçu d'ordre d'évacuation malgré sa proximité avec la zone de conflit.

Le père Najib Amil, prêtre maronite à Rmeich, a déclaré : "Les habitants d'Aïn Ebel sont accueillis dans nos institutions religieuses et chez les paroissiens. Nous avons des provisions pour tenir trois mois." Cette situation rappelle la guerre de 2006, lorsque Rmeich avait déjà servi de refuge à 15 000 personnes.

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Les opérations militaires israéliennes, décrites comme "limitées, localisées et ciblées", ont débuté la veille au soir. Elles visent principalement les positions du Hezbollah, une organisation politique et militaire chiite fondée en 1982, qui contrôle une grande partie du sud du Liban.

Le conflit actuel s'inscrit dans une longue histoire de tensions dans la région. Le Liban, pays de 6,8 millions d'habitants en 2024, partage une frontière de 79 km avec Israël. Cette zone a été le théâtre de nombreux affrontements depuis la création de l'État hébreu en 1948.

La situation économique déjà précaire du Liban, qui connaît une grave crise depuis 2019, risque d'être encore aggravée par ce nouveau conflit. Le pays, connu pour sa riche histoire et sa cuisine méditerranéenne, dépend largement du tourisme et des services bancaires pour son économie.

Malgré les bombardements incessants, certains habitants de Rmeich, comme le père Najib, affirment ne pas avoir peur : "Nous n'avons pas de combattants du Hezbollah ni d'armes ici." Cependant, la situation reste tendue, avec des rapports faisant état d'incursions israéliennes limitées et de ripostes du Hezbollah.

La communauté internationale, y compris la FINUL (Force intérimaire des Nations unies au Liban) présente dans la région depuis 1978, surveille de près l'évolution de la situation. L'escalade actuelle menace non seulement la stabilité du Liban, mais aussi celle de toute la région du Moyen-Orient.

"Il y a beaucoup de bombardements autour de Rmeich, par avions et drones, certains à 500 mètres de ma maison. Nous n'avons pas peur, car nous n'avons pas de combattants du Hezbollah ni d'armes"

Le père Najib Amil témoigne

Alors que le Liban tente de gérer cette nouvelle crise, le pays fait face à de multiples défis, notamment l'accueil de plus d'un million de réfugiés syriens et la reconstruction après l'explosion dévastatrice du port de Beyrouth en 2020. La résilience du peuple libanais, symbolisée par le cèdre emblématique du pays, est une fois de plus mise à l'épreuve.