Procès terroriste : Perpétuité requise pour Peter Cherif, "djihadiste intégral"

Le Parquet national antiterroriste a requis la réclusion à perpétuité contre Peter Cherif, accusé d'activités terroristes et d'implication dans l'attentat de Charlie Hebdo. Son parcours djihadiste est décrit comme "verrouillé".

2 octobre 2024, 19:58  •  0 vues

Procès terroriste : Perpétuité requise pour Peter Cherif, "djihadiste intégral"

Le 2 octobre 2024, le Parquet national antiterroriste (PNAT) a présenté un réquisitoire accablant contre Peter Cherif, qualifié de "djihadiste intégral". Ce procès marque une étape importante dans la lutte antiterroriste française, initiée par la loi de 1986 et renforcée par la création du PNAT en 2019.

Le ministère public a requis la peine maximale : la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 22 ans. Cette mesure, introduite dans le système judiciaire français, vise à empêcher tout aménagement de peine pendant une durée déterminée, pouvant aller jusqu'à 30 ans dans certains cas.

Peter Cherif, âgé de 42 ans, est accusé d'association de malfaiteurs terroriste et de séquestration en lien avec une entreprise terroriste. Son parcours illustre l'évolution du djihadisme mondial depuis les années 2000. Le terme "djihadiste", apparu dans les années 1980, prend ici tout son sens, bien loin de la signification originelle du djihad en islam.

Le procureur a souligné l'implication présumée de Cherif dans la préparation de l'attentat contre Charlie Hebdo, perpétré le 7 janvier 2015. Cet événement tragique, qui a coûté la vie à 12 personnes et en a blessé 11 autres, s'inscrit dans une série d'attaques terroristes qui ont frappé la France entre 2015 et 2016.

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L'accusation a détaillé les "multiples activités" de Cherif au sein d'Al-Qaida dans la péninsule arabique (AQPA) au Yémen. Cette organisation, formée en 2009 par la fusion des branches yéménite et saoudienne d'Al-Qaida, était considérée comme l'une des plus dangereuses à l'époque. Cherif y aurait occupé pas moins de neuf rôles différents, allant de cadre à geôlier, en passant par artificier et propagandiste pour la revue Inspire, lancée par AQPA en 2010.

Le parcours de Peter Cherif illustre la complexité et la longévité de certains acteurs du terrorisme international. Après avoir combattu dans les rangs d'Al-Qaida en Irak dans les années 2000, il a rejoint AQPA au Yémen en 2011, au début de la guerre civile qui déchire encore le pays aujourd'hui.

L'accusation a également évoqué son rôle présumé dans la séquestration de trois humanitaires français, membres de l'ONG Triangle Génération Humanitaire, en 2011. Cette organisation, fondée en 1994, se trouve ainsi mêlée à cette affaire complexe.

Le réquisitoire souligne l'absence d'éléments permettant d'envisager une peine plus clémente. Selon les procureurs, le djihad de Cherif est "profondément intellectualisé" et "verrouillé à double tour", justifiant ainsi la demande de perpétuité pour protéger la société.

Ce procès, qui se déroule devant la Cour d'assises spéciale de Paris, rappelle l'importance de la justice dans la lutte contre le terrorisme, tout en soulevant des questions sur la radicalisation et la réinsertion des individus impliqués dans ces activités.

"La perpétuité, pour que la société que nous représentons demeure en sécurité. La perpétuité, pour que la société que nous représentons demeure en liberté."

Aurélie Valente, représentante du PNAT

Cette affaire s'inscrit dans un contexte plus large de lutte contre le terrorisme en France, marqué notamment par le procès des attentats de janvier 2015, qui s'est tenu en 2020. Elle souligne la persistance de la menace terroriste et les défis auxquels font face les autorités pour y répondre efficacement.