Élections au Mozambique : tensions et doutes sur l'intégrité du scrutin

Le Mozambique vote pour élire son président et son parlement dans un climat tendu. L'opposition dénonce des risques de fraude, tandis que le parti au pouvoir depuis 50 ans reste favori.

9 octobre 2024, 08:30  •  0 vues

Élections au Mozambique : tensions et doutes sur l'intégrité du scrutin

Le 9 octobre 2024, les Mozambicains se rendent aux urnes pour élire leur président, les membres du Parlement et les gouverneurs de province. Ce scrutin, qui se déroule dans un climat de tension, soulève des inquiétudes quant à son intégrité.

Plus de 17 millions d'électeurs sont appelés à voter dans ce pays d'Afrique australe, qui a obtenu son indépendance du Portugal en 1975. Le Front de libération du Mozambique (Frelimo), au pouvoir depuis un demi-siècle, est favori pour conserver sa position dominante.

Le candidat du Frelimo, Daniel Chapo, 47 ans, se présente comme le successeur du président sortant Filipe Nyusi. Ancien gouverneur de province, Chapo serait le premier président né après l'indépendance et le premier à n'avoir pas participé à la guerre civile qui a ravagé le pays de 1976 à 1992.

Face à lui, trois candidats de l'opposition se distinguent : Ossufo Momade (Renamo), Lutero Simango (MDM), et Venancio Mondlane, un orateur charismatique qui suscite l'espoir, notamment auprès de la jeunesse.

Le scrutin se déroule dans un contexte économique difficile. Malgré une croissance rapide dans les années 2000, le Mozambique reste l'un des pays les plus pauvres au monde, avec 74% de sa population vivant sous le seuil de pauvreté en 2019. L'économie, fortement dépendante de l'agriculture qui emploie environ 80% de la population active, peine à se diversifier.

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Les attaques djihadistes dans le nord du pays continuent de paralyser les espoirs liés aux gisements de gaz naturel découverts en 2010 dans l'océan Indien. Cette situation compromet le développement économique et la stabilité du pays.

L'intégrité du processus électoral est au cœur des préoccupations. Borges Nhamirre, de l'Institut d'études pour la sécurité de Pretoria, souligne :

"L'intégrité du processus électoral est un vrai problème. Les institutions à tous les niveaux – corps électoraux, tribunaux, police – vont manipuler le scrutin."

Analyse de l'expert

La Commission nationale électorale (CNE), jugée trop proche du pouvoir, fait l'objet de critiques. Des experts remettent en question la crédibilité du nombre d'inscrits, estimant qu'il pourrait être artificiellement gonflé.

Le Mozambique, membre de l'Union africaine et de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), fait face à de nombreux défis. Outre les problèmes politiques et économiques, le pays est vulnérable aux catastrophes naturelles, notamment aux cyclones, et doit faire face aux conséquences du changement climatique.

Malgré ces difficultés, le Mozambique possède des atouts, tels que ses ressources naturelles, sa longue côte de plus de 2 500 km le long de l'océan Indien, et sa biodiversité, illustrée par le parc national de Gorongosa. Le pays a également ratifié l'Accord de Paris sur le climat en 2018, montrant sa volonté de s'engager dans la lutte contre le réchauffement climatique.

L'issue de ces élections sera déterminante pour l'avenir du Mozambique, qui cherche à concilier stabilité politique, développement économique et préservation de son environnement.