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Tunisie : Manifestation massive contre Saied à la veille du scrutin présidentiel

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Des centaines de Tunisiens ont protesté à Tunis contre le président Kais Saied, dénonçant des atteintes aux libertés. L'élection présidentielle de dimanche est contestée dans un climat tendu.

Le 4 octobre 2024, des centaines de manifestants ont envahi les rues de Tunis, la capitale de la Tunisie, pour exprimer leur mécontentement envers le président Kais Saied. Cette manifestation survient à la veille d'une élection présidentielle controversée, prévue le 6 octobre 2024.

Les protestataires, estimés à environ 800 par l'Agence France-Presse, ont scandé des slogans tels que "Ni peur ni terreur, le pouvoir est entre les mains du peuple". Ils ont dénoncé ce qu'ils perçoivent comme des atteintes croissantes aux droits et libertés depuis que Saied, un ancien professeur de droit constitutionnel élu démocratiquement en 2019, s'est emparé des pleins pouvoirs à l'été 2021.

La Tunisie, berceau du Printemps arabe qui a débuté en décembre 2010, traverse une période tumultueuse. Autrefois seul pays arabe classé comme "libre" par Freedom House jusqu'en 2021, la nation nord-africaine fait face à des défis considérables, notamment un taux de chômage parmi les plus élevés d'Afrique du Nord.

Depuis le printemps 2023, des dizaines d'opposants, dont des figures de proue, ont été arrêtés pour des accusations de "complot contre la sûreté de l'État". Des syndicalistes, avocats et commentateurs politiques ont également été emprisonnés en vertu d'une loi controversée sur les "fausses nouvelles". Selon Human Rights Watch, "plus de 170 personnes sont actuellement détenues pour des motifs politiques ou pour avoir exercé leurs droits fondamentaux".

Bassem Trifi, président de la Ligue tunisienne des droits de l'homme (LTDH), a souligné : "La rue est encore active pour dénoncer les atteintes aux libertés et aux droits humains deux jours avant les élections". Les manifestants ont appelé au boycott de l'élection présidentielle, qu'ils qualifient de "mascarade".

Le processus de sélection des candidats a été critiqué, avec seulement trois candidats retenus sur 17 initialement. Les manifestants ont qualifié Saied de "pharaon manipulateur de la loi", faisant référence aux difficultés d'obtention des parrainages, à l'emprisonnement de candidats potentiels et à l'éviction d'autres prétendants sérieux.

"Kais Saïed a piétiné les libertés. Je boycotte des élections qui enfreignent la loi et ne sont pas légitimes".

Leila Chebbi, une actrice

Les pancartes brandies par les manifestants portaient des messages tels que "Pays de répression et dictature" et "Fête électorale transformée en coup d'État". Beaucoup ont repris le slogan "Liberté, liberté" et appelé à la "chute du régime", rappelant le soulèvement populaire qui a conduit à la chute du dictateur Zine El Abidine Ben Ali en 2011.

Il est important de noter que la Tunisie a une riche histoire de plus de 3000 ans. Le pays a été pionnier dans plusieurs domaines : premier pays arabe à abolir l'esclavage en 1846, à légaliser l'avortement en 1973, et à introduire le suffrage universel en 1959. Malgré les défis actuels, la Tunisie reste un pays d'une grande importance culturelle et historique, abritant des sites comme l'antique Carthage près de Tunis et l'amphithéâtre d'El Jem, l'un des plus grands amphithéâtres romains au monde.

Alors que le pays se prépare pour cette élection contestée, l'avenir de la démocratie tunisienne, née du Printemps arabe, semble incertain. Les manifestants espèrent que leur voix sera entendue et que les libertés pour lesquelles ils se sont battus seront préservées.