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Tunisie : L'élection présidentielle de 2024 sous le signe de l'autoritarisme

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À l'approche de l'élection présidentielle tunisienne, un comité international dénonce le retour à l'autoritarisme. La répression des opposants et la limitation des libertés soulèvent des inquiétudes quant à l'avenir démocratique du pays.

Le 6 octobre 2024, la Tunisie s'apprête à tenir une élection présidentielle dans un contexte politique tendu. Un comité international de soutien aux libertés en Tunisie a récemment exprimé ses préoccupations concernant le retour de l'autoritarisme dans le pays qui a été le berceau du Printemps arabe en 2010.

Kaïs Saïed, président depuis 2019, est accusé d'avoir instauré un régime autoritaire, étouffant les voix dissidentes et limitant les libertés démocratiques. Cette situation contraste fortement avec les espoirs suscités par la révolution de 2010, qui avait initié un mouvement de changement dans tout le monde arabe.

Le comité international appelle Saïed à respecter la dignité des citoyens et à garantir des élections libres et transparentes. Cependant, la réalité sur le terrain semble bien différente. Sur la quinzaine de candidats initialement déclarés, seuls deux ont vu leurs dossiers acceptés par l'Instance supérieure indépendante pour les élections.

L'un des candidats, Ayachi Zammel, a été arrêté et inculpé dans cinq tribunaux différents pour des accusations de falsification de parrainage. Il a récemment été condamné à douze ans d'emprisonnement. L'autre candidat, Zouhair Maghzaoui, est perçu comme un faire-valoir, rappelant les pratiques de l'ancien régime de Ben Ali, qui a dirigé le pays de 1987 à 2011.

La répression s'étend au-delà des candidats à l'élection. Des centaines d'opposants, de magistrats, de journalistes et de défenseurs des droits humains sont harcelés, poursuivis et emprisonnés. En 2023, au moins 60 personnes ont été poursuivies sur la base du décret-loi n° 54 de 2022 sur la cybercriminalité, illustrant l'utilisation du système judiciaire pour museler la dissidence.

"J'ai été condamnée pour avoir dénoncé la maltraitance dont sont victimes les migrants subsahariens. C'est un exemple flagrant de la répression des voix critiques dans notre pays."

Sonia Dahmani, avocate condamnée à un an de prison ferme

Il est important de noter que la Tunisie, malgré sa petite taille (le plus petit pays du Maghreb), a une histoire riche et complexe. Premier pays arabe à abolir l'esclavage en 1846 et à légaliser l'avortement en 1973, la Tunisie a longtemps été considérée comme progressiste dans la région. Cependant, les récents développements politiques menacent cet héritage.

La situation économique du pays ajoute à la complexité de la situation. Avec un taux de chômage d'environ 16% en 2024 et une forte dépendance au tourisme, la Tunisie fait face à des défis économiques importants. Le pays a reçu des prêts du FMI pour soutenir son économie, mais la stabilité politique reste cruciale pour attirer les investissements et stimuler la croissance.

Le comité international exprime également son indignation face à l'indifférence perçue des démocraties occidentales quant au sort de la Tunisie. Cette situation soulève des questions sur l'engagement international envers la démocratie et les droits humains dans la région.

Alors que la date de l'élection approche, l'avenir démocratique de la Tunisie reste incertain. Le pays, qui compte environ 12 millions d'habitants en 2024, se trouve à un carrefour crucial de son histoire politique moderne.