Le 10 octobre 2024 marque un tournant majeur pour le boulevard périphérique parisien, l'axe routier le plus fréquenté d'Europe. La vitesse maximale autorisée passe officiellement de 70 à 50 kilomètres par heure sur l'ensemble de son tracé de 35,04 kilomètres. Cette décision, prise par la maire de Paris Anne Hidalgo, vise à améliorer la qualité de vie des riverains et la sécurité routière, mais ne fait pas l'unanimité.
La mise en place de cette nouvelle réglementation a débuté le 1er octobre sur un tronçon test, avant d'être généralisée à l'ensemble du périphérique. Au total, 160 panneaux ont été modifiés pour indiquer la nouvelle limitation. Cette mesure met fin à dix ans de limitation à 70 km/h, instaurée en 2014, qui avait elle-même succédé à une limite de 80 km/h.
L'objectif principal avancé par la Mairie de Paris est de réduire les nuisances sonores pour les 550 000 riverains vivant à proximité de cette autoroute urbaine. Selon l'observatoire Bruitparif, on peut s'attendre à une réduction de 2 à 3 décibels, un gain "non négligeable" pour les personnes exposées à des niveaux sonores dépassant les normes réglementaires.
La sécurité routière est également mise en avant, avec l'espoir de réduire le nombre d'accidents graves sur cet axe qui accueille plus d'un million de déplacements quotidiens. Quant à l'impact sur la pollution atmosphérique, il fait l'objet de débats. Certains experts estiment que la réduction des phases d'accélération et de freinage pourrait diminuer les émissions de particules fines toxiques.
Cependant, cette décision ne fait pas l'unanimité. Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, critique une mesure "socialement injuste" qui affecterait principalement les travailleurs de nuit et du petit matin. Pour répondre à ces préoccupations, elle a annoncé la création d'un "baromètre du périphérique" visant à fournir des données sur la pollution, le bruit, la congestion et la vitesse des véhicules.
Le ministre des Transports, François Durovray, bien qu'opposé à cette nouvelle limitation, a convenu avec Anne Hidalgo qu'une analyse "continue et indépendante" serait menée, avec un bilan prévu dans un an. Si les résultats s'avéraient négatifs, le ministre se réserve la possibilité de faire évoluer la législation.
Il est important de noter que le périphérique parisien, construit entre 1956 et 1973, est bien plus qu'une simple route. Équipé de 750 caméras, 272 panneaux à messages variables et 176 bornes d'appel d'urgence, il dispose même de sa propre station de radio sur 107.7 FM. Malgré sa fréquentation intense, il reste gratuit, contrairement à d'autres rocades européennes.
"Lorsque vous diminuez la vitesse, vous diminuez le bruit pour l'ensemble des personnes qui habitent à proximité de ce périphérique. On va leur donner plus de qualité de vie et surtout plus de qualité de nuit. Le droit au sommeil, c'est extrêmement important."
Alors que le débat se poursuit, seul le temps dira si cette nouvelle limitation de vitesse atteindra ses objectifs en termes de qualité de vie et de sécurité routière, ou si elle nécessitera des ajustements futurs.