Le 30 septembre 2024, le portrait de l'abbé Pierre sur la célèbre Fresque des Lyonnais à Lyon a été la cible d'actes de vandalisme. Cette dégradation survient dans un contexte de polémique suite aux graves accusations d'agressions sexuelles visant le fondateur d'Emmaüs.
La fresque, créée en 1994-1995 et mesurant 800 m², représente 30 personnalités lyonnaises emblématiques. Parmi elles, Henri Grouès, dit l'abbé Pierre, né à Lyon le 5 août 1912, côtoie d'autres figures locales comme le chef Paul Bocuse, l'écrivain Frédéric Dard et le réalisateur Bertrand Tavernier.
Les dégradations ont été constatées progressivement : un bandeau rouge sur les yeux le 28 septembre, suivi du mot "violeur" en lettres capitales dans la nuit du 29 au 30 septembre. Face à cette situation, la coopérative CitéCréation, propriétaire de la fresque, a décidé de recouvrir les tags d'une affiche grise.
La municipalité de Lyon avait annoncé le 19 septembre son intention de retirer le nom de l'abbé Pierre de l'espace public. Cette décision fait écho aux actions similaires entreprises dans de nombreuses villes françaises, où environ 150 voies ou lieux-dits portent le nom de l'ancien député de Meurthe-et-Moselle.
"La ville de Lyon comprend l'impatience générée par les révélations concernant l'abbé Pierre mais regrette la dégradation de la fresque"
Un comité citoyen sera prochainement réuni pour décider de l'avenir de la représentation de l'abbé Pierre sur la Fresque des Lyonnais. Cette démarche s'inscrit dans une réflexion plus large sur la mémoire collective et la manière de traiter l'héritage de personnalités controversées.
Il est important de noter que l'abbé Pierre, décédé en 2007 à l'âge de 94 ans, a longtemps été une figure respectée de la lutte contre le mal-logement. Fondateur d'Emmaüs en 1949, il a été élu "Français préféré" en 2003 et 2005, et a reçu la Légion d'honneur en 2001. Son appel radiophonique du 1er février 1954, lors d'un hiver particulièrement rigoureux, reste gravé dans les mémoires.
La Fresque des Lyonnais, située dans le 1er arrondissement de Lyon, est un exemple remarquable de l'art du trompe-l'œil et témoigne du statut de Lyon comme capitale mondiale du mur peint. CitéCréation, à l'origine de cette œuvre, a réalisé plus de 750 murs peints à travers le monde.
Cette affaire soulève des questions complexes sur la manière de concilier la reconnaissance des actions positives d'une personnalité avec les révélations sur ses actes répréhensibles. Elle met également en lumière le rôle de l'art public dans la représentation de l'histoire et des valeurs d'une communauté.