Dans le nord du Mali, pays enclavé d'Afrique de l'Ouest riche en histoire et en ressources naturelles, une nouvelle phase du conflit se dessine. Les rebelles du Cadre stratégique permanent (CSP), principalement composés de Touaregs, peuple nomade du Sahara, ont récemment adopté une tactique militaire innovante : l'utilisation de drones.
Ces engins volants sont désormais employés pour mener des attaques contre les bases de l'armée malienne et les mercenaires russes du groupe Wagner. Cette évolution marque un tournant significatif dans le rapport de force militaire de la région.
Le 4 octobre 2024, une attaque de drones a visé le camp militaire de Goundam, dans la région de Tombouctou, ville historique inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO. Selon les rebelles, cette opération aurait causé la mort d'au moins neuf mercenaires du groupe Wagner. Ce type d'attaque s'est multiplié depuis septembre, touchant également le camp de Léré.
La bataille de Tin Zaouatine, fin juillet 2024, a marqué la première utilisation significative de drones par les rebelles. Cette localité, située à l'extrême nord du Mali, à la frontière avec l'Algérie, le plus grand pays d'Afrique en superficie, a été le théâtre d'une embuscade meurtrière contre un convoi de l'armée malienne et du groupe Wagner. Les rebelles affirment avoir tué 84 mercenaires russes et 47 soldats maliens lors de cet affrontement.
Cette victoire des rebelles est perçue comme une revanche après leur expulsion de Kidal en novembre 2023, opération dans laquelle l'armée malienne avait utilisé des drones turcs Bayraktar TB2. Il est important de noter que le Mali, indépendant depuis 1960, a connu plusieurs coups d'État et conflits internes depuis lors.
L'implication potentielle de l'Ukraine dans ce conflit a ajouté une dimension internationale à la situation. Andriy Yusov, porte-parole du service de renseignement militaire ukrainien, a laissé entendre une collaboration avec les rebelles maliens, provoquant la rupture des relations diplomatiques entre le Mali et l'Ukraine.
Cette escalade technologique s'inscrit dans un contexte plus large de tensions au Sahel. Le Mali, dont l'économie repose principalement sur l'agriculture et l'exploitation de l'or, fait face à de nombreux défis, notamment un faible taux d'alphabétisation et des conditions climatiques difficiles caractérisées par une alternance entre saison sèche et saison des pluies.
Malgré ces difficultés, le Mali reste un pays d'une grande richesse culturelle, connu pour sa musique mondialement reconnue, avec des artistes comme Ali Farka Touré, et ses sites historiques comme Bandiagara, également inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO.
L'utilisation de drones dans ce conflit soulève des questions sur l'évolution des tactiques militaires dans la région et l'impact potentiel sur la stabilité du Mali et des sept pays voisins avec lesquels il partage ses frontières. La communauté internationale, notamment la CEDEAO dont le Mali est membre, observe attentivement ces développements qui pourraient influencer l'équilibre géopolitique de toute l'Afrique de l'Ouest.