La solitude chez les jeunes : un phénomène croissant aux multiples facettes
La sociologue Cécile van de Velde analyse la montée de la solitude chez les jeunes, ses causes complexes et ses conséquences sociales. Un phénomène qui dépasse la simple sphère intime.
La solitude chez les jeunes est devenue un sujet de préoccupation majeur ces dernières années. Cécile van de Velde, sociologue à l'Université de Montréal, s'est penchée sur ce phénomène qui touche de plus en plus la jeunesse à travers le monde.
Selon van de Velde, la montée de la solitude chez les jeunes est une tendance structurelle observée depuis environ deux décennies dans de nombreux pays développés. Ce phénomène, déjà présent avant la pandémie de COVID-19, s'explique par plusieurs facteurs :
- Le chômage et la précarité de l'emploi
- La mobilité géographique liée aux débuts de carrière
- Une pression scolaire et sociale accrue
- Un décalage entre les normes sociales et la réalité des jeunes
La solitude chez les jeunes peut prendre des formes particulièrement intenses, que van de Velde qualifie de "gouffres". Ces situations de solitude chronique peuvent avoir des conséquences graves sur le bien-être mental et physique des individus. En effet, des études ont montré que la solitude prolongée peut affecter le système immunitaire et augmenter le risque de maladies cardiovasculaires.
La sociologue souligne également l'émergence d'une "solitude politique" chez certains jeunes, caractérisée par un sentiment d'abandon par la société. Ce sentiment peut conduire à diverses réactions :
- Une résignation vis-à-vis du politique
- Un ressentiment et une colère envers la société
- Dans certains cas extrêmes, l'adhésion à des mouvements radicaux
Il est important de noter que la solitude n'est pas seulement une affaire intime, mais qu'elle a des conséquences sociales significatives. Par exemple, le phénomène des "hikikomori" au Japon illustre comment l'isolement social extrême peut devenir un problème sociétal.
Cependant, la prise de conscience collective de la solitude peut aussi être un moteur de changement positif. Le mouvement #metoo en est un exemple, montrant comment le partage d'expériences communes peut mener à une mobilisation pour l'émancipation.
Pour lutter contre la solitude, diverses approches ont été étudiées. Les interventions de groupe, la thérapie cognitivo-comportementale, et même la méditation de pleine conscience ont montré des résultats prometteurs. De plus, les programmes intergénérationnels et la création de "troisièmes lieux" (espaces communautaires) peuvent favoriser les connexions sociales.
Il est crucial de reconnaître que la solitude est un phénomène complexe, influencé par des facteurs culturels, sociaux et individuels. En comprenant mieux ses causes et ses effets, nous pouvons développer des stratégies plus efficaces pour soutenir les jeunes et créer une société plus connectée et solidaire.
