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Le pape François ravive le débat sur l'avortement en Belgique

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Lors de sa visite en Belgique, le pape François a suscité la controverse en annonçant la béatification du roi Baudouin et en condamnant l'avortement, ravivant ainsi un débat vieux de plusieurs décennies.

Le 29 septembre 2024, le pape François a conclu sa visite en Belgique par une messe au stade Roi-Baudouin à Bruxelles, anciennement connu sous le nom de stade du Heysel. Cette visite a ravivé un débat sensible sur l'avortement, rappelant une crise institutionnelle survenue il y a plus de trois décennies.

Lors de cette messe, le pontife a annoncé le début du processus de béatification de l'ancien roi Baudouin, décédé en 1993. Ce monarque, qui a régné sur la Belgique de 1951 à 1993, était connu pour sa profonde foi catholique. Le pape a salué "le courage" du roi, faisant référence à un épisode controversé de l'histoire belge.

En mars 1990, le roi Baudouin avait refusé de signer la loi dépénalisant l'avortement, provoquant une crise au sommet de l'État belge. La Constitution belge, datant de 1831, stipule que le roi doit sanctionner et promulguer les lois. Cependant, le monarque estimait que cette loi allait à l'encontre de ses convictions religieuses.

Pour résoudre cette impasse, le Premier ministre de l'époque, Wilfried Martens, a dû recourir à une solution créative. Il a invoqué un article de la Constitution inspiré de l'exemple anglais de 1810, lorsque le roi George III était devenu mentalement incapable de régner. Bien que Baudouin fût en pleine possession de ses facultés, le gouvernement a temporairement assumé ses fonctions pour promulguer la loi, permettant au roi de reprendre son rôle 36 heures plus tard.

Cette crise a mis en lumière la complexité du système politique belge, une monarchie constitutionnelle où le roi n'a qu'un rôle symbolique. La Belgique, l'un des pays fondateurs de l'Union européenne, est connue pour sa tradition de compromis politique appelée "pilarisation".

Le pape François, premier pape jésuite de l'histoire, a ravivé ce débat en qualifiant l'avortement d'"homicide" et en comparant les médecins qui le pratiquent à des "tueurs à gages". Ces déclarations ont suscité une vive controverse dans un pays qui compte environ 11,5 millions d'habitants et où l'avortement est légal depuis plus de trois décennies.

"Un avortement est un homicide, les médecins qui font cela sont, si vous me permettez l'expression, des tueurs à gages."

Le pape François a déclaré :

Il est important de noter que la Belgique a été l'un des derniers pays d'Europe occidentale à légaliser l'avortement. Le débat sur cette question avait duré neuf ans avant l'adoption de la loi en 1990. Aujourd'hui, le pays, divisé en trois régions (Flandre, Wallonie et Bruxelles-Capitale) et comptant trois langues officielles (néerlandais, français et allemand), continue de faire face à des discussions complexes sur des questions éthiques et sociétales.

La visite du pape François et ses déclarations ont ainsi ravivé un débat qui semblait clos, illustrant la persistance de tensions entre les valeurs traditionnelles catholiques et les évolutions sociétales dans ce pays au cœur de l'Europe.

Angelique Labbé

Politique