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Le Kazakhstan vote massivement pour la construction d'une centrale nucléaire

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Le référendum au Kazakhstan approuve à 71% la construction d'une centrale nucléaire, malgré les inquiétudes liées au passé nucléaire du pays. Ce projet vise à résoudre les problèmes énergétiques persistants.

Le Kazakhstan, le plus grand pays d'Asie centrale, a récemment tenu un référendum historique sur la construction d'une centrale nucléaire. Le 6 octobre 2024, les citoyens kazakhs ont massivement voté en faveur de ce projet, avec 71,12% des suffrages exprimés pour le "oui". Ce résultat marque un tournant significatif dans la politique énergétique du pays.

Le taux de participation a atteint 63,66%, un chiffre stimulé par une campagne pro-nucléaire intense menée par le parti présidentiel Amanat. Cependant, ce vote s'est déroulé dans un contexte politique complexe, caractéristique d'un régime autoritaire. Des opposants au projet nucléaire auraient été muselés en amont du scrutin, soulevant des questions sur la régularité du processus.

La décision de construire une centrale nucléaire est motivée par plusieurs facteurs. Le Kazakhstan fait face à des défis énergétiques croissants, notamment des pénuries d'électricité dans le sud du pays. Les infrastructures vétustes, héritées de l'époque soviétique, peinent à répondre à la demande croissante. La nouvelle centrale, prévue sur la côte ouest du lac Balkhach, le plus grand lac du pays, vise à stabiliser l'approvisionnement énergétique.

Le choix du nucléaire s'appuie également sur les ressources naturelles du pays. Le Kazakhstan est le premier producteur mondial d'uranium, extrayant près de 40% de la production globale. Cette abondance en matière première nucléaire offre un avantage stratégique pour le développement de cette filière énergétique.

Malgré l'enthousiasme apparent pour ce projet, des inquiétudes persistent au sein de la population. Le passé nucléaire du Kazakhstan reste une source de préoccupation. Durant la guerre froide, l'Union soviétique a mené 450 essais nucléaires sur le territoire kazakh, au polygone de Semipalatinsk. Ces tests ont exposé environ 1,5 million de personnes aux radiations, avec des conséquences sanitaires qui perdurent aujourd'hui.

Le projet nucléaire s'inscrit dans une stratégie énergétique plus large. Les autorités kazakhes visent à réduire la dépendance du pays aux centrales à charbon, actuellement responsables de 70% de la production d'électricité. L'objectif est que le nucléaire contribue à hauteur de 12% du mix énergétique d'ici 2035.

Ce virage vers le nucléaire a également des implications géopolitiques. Le Kazakhstan, membre de l'Organisation de coopération de Shanghai et partageant des frontières avec la Russie et la Chine, cherche à affirmer son indépendance énergétique. Cette décision pourrait renforcer sa position sur la scène internationale.

"Le sud du pays en particulier connaît des pénuries d'électricité importantes. Une centrale nucléaire entraînera alors une certaine stabilisation, même si le pays a en réalité besoin de trois centrales comme celle-ci."

Jakyp Khairushev, ingénieur émérite et directeur de la chambre de commerce d'Atameken

Il est important de noter que le Kazakhstan a une histoire complexe avec l'énergie nucléaire. Le pays a signé le Traité sur l'interdiction des armes nucléaires en 2019, démontrant son engagement envers un usage pacifique de cette technologie. Cependant, le souvenir des catastrophes de Tchernobyl et Fukushima reste présent dans l'esprit de nombreux citoyens.

En conclusion, ce référendum marque un tournant majeur pour le Kazakhstan. Alors que le pays s'efforce de moderniser son infrastructure énergétique et de diversifier son économie, le défi sera de concilier développement et sécurité, tout en tenant compte des préoccupations de sa population.