L'extrême droite brésilienne en force aux élections municipales

Le 6 octobre 2024, le Brésil, plus grand pays d'Amérique du Sud, a tenu le premier tour de ses élections municipales, révélant une résurgence surprenante de l'extrême droite. Environ 155 millions de Brésiliens étaient appelés aux urnes pour renouveler la composition des plus de 5 500 conseils municipaux du pays, dans un système politique de république fédérale présidentielle.

Les candidats soutenus par l'ancien président Jair Bolsonaro ont obtenu des résultats remarquables, remportant ou se qualifiant pour le second tour dans près de la moitié des capitales régionales. Ce scrutin, qui ne compte qu'un seul tour dans les villes de moins de 200 000 électeurs, fait office de test de mi-mandat pour le président Luiz Inacio Lula da Silva, au pouvoir depuis 2022.

Malgré un contexte économique favorable, avec un chômage en baisse et une croissance du PIB estimée à au moins 3% cette année, le Parti des travailleurs (PT) de Lula n'a pas réussi à capitaliser sur ces succès. Fondé en 1980, le PT a certes remporté 238 municipalités, contre 182 en 2020, mais sa performance dans les grandes villes reste décevante.

"Le PT n'a pas réussi à enrayer son effondrement au niveau local, débuté lors du scrutin municipal de 2016, où il avait perdu 60 % de ses mairies. Il continue d'être très fragile dans les grandes villes."

À Porto Alegre, ville symbole de la gauche connue pour avoir initié le concept de budget participatif, la candidate du PT n'a obtenu que 26,28% des voix, loin derrière le maire sortant de droite.

En revanche, le Parti libéral (PL), dont Bolsonaro est le président d'honneur, a remporté dès le premier tour deux capitales régionales et se trouve en position de force dans neuf autres, dont Belo Horizonte, troisième plus grande ville du Brésil, et Manaus, la plus grande ville de l'Amazonie brésilienne.

Les membres de la famille Bolsonaro ont également obtenu des scores importants. Carlos Bolsonaro a été le conseiller municipal le mieux élu de Rio de Janeiro, ancienne capitale du Brésil jusqu'en 1960, avec plus de 130 000 voix.

Ce scrutin, utilisant des urnes électroniques depuis 1996, est obligatoire pour les citoyens âgés de 18 à 70 ans. Il intervient dans un contexte où le Brésil, qui a connu une dictature militaire de 1964 à 1985, cherche à consolider sa démocratie.

L'issue de ces élections municipales pourrait avoir des implications significatives pour la prochaine élection présidentielle, prévue en 2026. Elle démontre la résilience du mouvement bolsonariste, malgré la défaite de Jair Bolsonaro à la présidentielle il y a deux ans, et souligne les défis auxquels fait face le gouvernement de Lula dans sa quête pour maintenir le soutien populaire.