Google contraint d'ouvrir son Play Store à la concurrence aux États-Unis

Un juge californien ordonne à Google d'autoriser des boutiques d'applications concurrentes sur Android. Epic Games prévoit de lancer sa propre plateforme en 2025, tandis que Google annonce son intention de faire appel.

7 octobre 2024, 22:36  •  46 vues

Google contraint d'ouvrir son Play Store à la concurrence aux États-Unis

Dans une décision historique rendue le 7 octobre 2024, un juge fédéral californien a ordonné à Google d'autoriser l'installation de plateformes concurrentes à son Google Play Store sur le système d'exploitation Android. Cette décision pourrait marquer la fin du monopole de Google sur la distribution d'applications pour Android, qui détient environ 70% du marché mondial des systèmes d'exploitation mobiles.

Le verdict intervient près de dix mois après qu'un jury a reconnu Google coupable de pratiques monopolistiques sur le marché de la distribution d'applications Android. Cette affaire, initiée par l'éditeur de jeux vidéo Epic Games, connu pour le jeu populaire Fortnite, s'inscrit dans un contexte plus large de critiques envers le modèle économique des magasins d'applications.

Le juge James Donato de San Francisco a accordé à Google un délai de huit mois, jusqu'à début juillet 2025, pour se conformer à sa décision. Le jugement deviendra effectif le 1er novembre 2024, et Google devra maintenir ces changements pendant au moins trois ans.

Tim Sweeney, fondateur et PDG d'Epic Games, a rapidement réagi en annonçant le lancement de sa propre boutique d'applications en 2025 aux États-Unis. Il a souligné que cette plateforme serait exempte des "messages effrayants de Google et des prélèvements de 30%" que le géant technologique impose actuellement aux développeurs.

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Il est important de noter que le Google Play Store, lancé en 2008 sous le nom d'Android Market, propose actuellement plus de 3 millions d'applications et a généré plus de 40 milliards de dollars de revenus pour Google en 2022. Cette décision pourrait donc avoir des implications financières significatives pour l'entreprise.

Google a annoncé son intention de faire appel, arguant que ces modifications présenteraient des risques pour la protection des données et la sécurité des utilisateurs. L'entreprise, filiale d'Alphabet depuis 2015, a également souligné que ces changements pourraient avoir des conséquences imprévues et défavorables pour les consommateurs américains, les développeurs et les fabricants d'équipements.

Cette décision ne s'applique qu'aux États-Unis, mais elle pourrait influencer les régulateurs dans d'autres pays. Il est à noter que la Commission européenne a déjà infligé une amende à Google en 2018 pour des pratiques anticoncurrentielles liées à Android.

Le sideloading, c'est-à-dire l'installation d'applications en dehors du magasin officiel, est déjà possible sur Android, mais avec des avertissements. Cette décision pourrait faciliter ce processus et ouvrir la voie à une plus grande concurrence dans la distribution d'applications.

Il est intéressant de noter qu'Epic Games a déjà lancé sa propre boutique de jeux pour PC en 2018, avec des frais de seulement 12% pour les développeurs, bien inférieurs aux 30% prélevés par Google et Apple.

Cette affaire s'inscrit dans un contexte plus large de remise en question du modèle économique des magasins d'applications. Apple fait face à des défis similaires concernant son App Store, et Epic Games a également intenté des poursuites contre l'entreprise à la pomme.

La bataille juridique et réglementaire autour de la distribution d'applications mobiles est loin d'être terminée. Les développeurs, opérateurs et fabricants de smartphones auront désormais l'opportunité de "bâtir un écosystème avec une taille suffisante pour que Google ne puisse plus l'arrêter", selon les mots de Tim Sweeney.