Dans le contexte de la guerre russo-ukrainienne, qui a débuté en 2014 avec l'annexion de la Crimée par la Russie, deux sœurs ukrainiennes, Olga et Sasha Kurovska, partagent leur vécu à travers une correspondance poignante. Cette guerre, qui a provoqué la plus grande crise de réfugiés en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, a séparé les deux sœurs trentenaires, l'une vivant à Paris et l'autre à Kiev, la capitale et plus grande ville d'Ukraine.
Olga, résidant à Paris, exprime son désir ardent de retourner en Ukraine pour voir sa famille, en particulier sa sœur Sasha, qu'elle n'a pas vue depuis novembre 2023. Cependant, elle est confrontée à un dilemme déchirant : risquer sa sécurité et celle de son jeune fils pour retrouver ses proches, ou rester en France, loin du danger mais le cœur brisé. Ce dilemme reflète la réalité de millions d'Ukrainiens de la diaspora, dont beaucoup vivent à l'étranger tout en gardant des liens forts avec leur pays d'origine.
La lettre d'Olga, datée du 25 septembre 2024, révèle les défis quotidiens auxquels sont confrontés les Ukrainiens, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. Elle mentionne les prix exorbitants des logements à Kiev, comparables à ceux de Paris, alors que le salaire moyen en Ukraine n'est que de 420 euros. Cette disparité économique souligne les difficultés auxquelles est confronté le pays, malgré sa richesse en ressources naturelles, notamment ses terres fertiles connues sous le nom de "tchernoziom".
Olga partage également des informations déchirantes sur les récentes attaques, notamment celle du 4 septembre 2024 à Lviv, une ville importante de l'ouest de l'Ukraine connue pour son patrimoine culturel. Ces attaques rappellent la brutalité du conflit et son impact sur la population civile.
"Cet homme avoue sans aucun scrupule avoir violé trois filles, deux garçons et six femmes à Avdiivka, avant de les tuer à bout portant contre un mur. Sur ordre de son commandant, dit-il."
Ce témoignage glaçant soulève des questions sur les crimes de guerre et la nature du conflit. Olga exprime sa frustration face à la réaction de certains Occidentaux qui semblent privilégier les droits de l'homme abstraits plutôt que la survie concrète des Ukrainiens.
La correspondance des sœurs Kurovska met en lumière le fossé profond entre ceux qui vivent la guerre au quotidien et ceux qui l'observent de loin. Elle souligne également la résilience du peuple ukrainien, qui continue à lutter pour son indépendance et sa survie, comme il l'a fait tout au long de son histoire mouvementée, marquée par des événements tels que la Révolution orange de 2004-2005 et la Révolution de la dignité de 2014.
Malgré les défis, l'Ukraine reste un pays riche en culture, avec sept sites du patrimoine mondial de l'UNESCO, une tradition musicale et de danse folklorique vibrante, et une industrie aérospatiale développée. Le pays, qui utilise l'alphabet cyrillique et possède un taux d'alphabétisation proche de 100%, continue de produire des athlètes olympiques de renommée mondiale et de jouer un rôle crucial dans le transit du gaz naturel vers l'Europe.
Le récit des sœurs Kurovska nous rappelle que derrière les statistiques et les enjeux géopolitiques se cachent des vies humaines, des familles séparées et des dilemmes impossibles. Leur histoire est celle de millions d'Ukrainiens qui, malgré la guerre, continuent à espérer et à lutter pour un avenir meilleur.