Tunisie : Candidat présidentiel condamné à 12 ans de prison avant le scrutin

À cinq jours de l'élection présidentielle tunisienne, le candidat Ayachi Zammel est condamné à 12 ans de prison. Cette décision soulève des inquiétudes quant à l'intégrité du processus électoral.

1 octobre 2024, 14:10  •  0 vues

Tunisie : Candidat présidentiel condamné à 12 ans de prison avant le scrutin

Dans un développement surprenant à l'approche de l'élection présidentielle tunisienne, Ayachi Zammel, candidat et chef du parti libéral Azimoun, a été condamné à 12 ans de prison. Cette décision, prononcée à seulement cinq jours du scrutin prévu le 6 octobre 2024, soulève de sérieuses questions sur l'intégrité du processus électoral dans ce pays nord-africain.

Abdessater Messaoudi, l'avocat de Zammel, a confirmé que son client "reste en lice" malgré cette condamnation. Le tribunal de première instance de Tunis 2 a rendu ce verdict dans quatre affaires liées aux parrainages, imposant trois ans de prison pour chaque dossier. Cette peine s'ajoute à deux condamnations récentes, portant la durée totale d'emprisonnement à plus de 14 ans.

Ces développements s'inscrivent dans un contexte politique tendu. Le président sortant, Kaïs Saïed, brigue un second mandat dans un climat de critiques croissantes. Élu démocratiquement en 2019, Saïed fait face à des accusations de dérive autoritaire depuis son coup de force du 25 juillet 2021, lorsqu'il s'est octroyé les pleins pouvoirs.

La Tunisie, berceau du Printemps arabe en 2010, a connu une instabilité politique marquée depuis 2011, avec de nombreux changements de gouvernement. Le pays a adopté une nouvelle constitution en 2022, renforçant les pouvoirs présidentiels et passant d'un régime semi-présidentiel à un système présidentiel.

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Les défenseurs des droits humains et plusieurs ONG ont exprimé leur inquiétude face à ce qu'ils perçoivent comme une "politique répressive" et un "retour de la dictature". Human Rights Watch a dénoncé le fait qu'au moins huit candidats potentiels ont été empêchés de se présenter en raison de poursuites judiciaires ou d'emprisonnement.

L'Instance Supérieure Indépendante pour les Élections (ISIE), créée en 2011 pour garantir des élections libres et équitables, fait également l'objet de critiques. Des ONG l'accusent d'avoir "perdu son indépendance" après l'exclusion de trois concurrents sérieux du président Saïed, malgré leur réadmission par le tribunal administratif.

Ces événements se déroulent dans un pays qui a longtemps été salué comme le seul succès démocratique du Printemps arabe. La Tunisie a été pionnière dans de nombreux domaines, étant le premier pays arabe à abolir l'esclavage en 1846 et à légaliser l'avortement en 1973. Cependant, les récents développements menacent ces acquis démocratiques.

"Je reste déterminé à participer à cette élection, malgré les obstacles dressés sur mon chemin. Notre combat pour la démocratie et la liberté en Tunisie continue."

Ayachi Zammel, via une vidéo préenregistrée diffusée sur Facebook

Alors que le pays se prépare pour cette élection cruciale, l'attention internationale se tourne vers la Tunisie. Le résultat de ce scrutin pourrait avoir des implications significatives pour l'avenir démocratique du pays et sa stabilité économique, notamment dans des secteurs clés comme le tourisme, qui a déjà été fortement impacté par l'instabilité politique des dernières années.