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La quête de beauté dans un monde professionnel en mutation

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Face à un sentiment d'obscurcissement du monde, l'aspiration à la beauté dans le travail émerge. Un clinicien belge explore les défis et les pathologies liées aux transformations professionnelles.

Dans un monde professionnel en constante évolution, la recherche de sens et de beauté devient de plus en plus pressante. Cette quête, inspirée par les mots du poète caribéen Monchoachi, résonne particulièrement dans le domaine du travail. Est-il possible aujourd'hui de trouver de la beauté et de l'humanité dans notre vie professionnelle ?

Depuis environ 15 ans, un clinicien belge intervient dans une clinique du travail à Liège et en cabinet privé à Namur. Ces espaces accueillent des personnes confrontées à des difficultés professionnelles, révélant l'ampleur des malaises engendrés par les transformations du monde du travail. Son ouvrage, "Le Travail à vif", examine ces expériences et explore les moyens d'intervention, alliant écoute individuelle et transformation des pratiques professionnelles.

Les demandes de consultation se multiplient, souvent émanant de personnes en arrêt maladie. Le diagnostic le plus fréquent est celui du burn-out, un syndrome reconnu par l'Organisation mondiale de la santé en 2019. Ce phénomène soulève des questions sur les "pathologies du travail", un terme qui mérite réflexion. S'agit-il de maladies causées par le travail ou le travail lui-même est-il malade et nécessite-t-il des soins ?

L'exemple d'une directrice des ressources humaines, contrainte de procéder à des licenciements collectifs répétés avec des méthodes brutales, illustre la normalisation de l'intolérable dans certains environnements professionnels. Cette situation soulève la question cruciale : "Est-ce normal ?"

"J'ai été amenée à procéder à des licenciements collectifs à répétition, avec des méthodes brutales à la limite de la légalité. En consultation, je me suis demandé pour la première fois : 'Est-ce normal ?'"

Une patiente, directrice des ressources humaines, raconte :

Il est important de noter que le burn-out touche environ 7% des travailleurs en Europe, avec une prévalence plus élevée chez les femmes. Les secteurs de la santé et de l'éducation sont particulièrement affectés. En France, bien que le burn-out ne soit pas reconnu comme maladie professionnelle, le "droit à la déconnexion" a été introduit dans le Code du travail en 2017 pour tenter de prévenir l'épuisement professionnel.

La pandémie de COVID-19 a exacerbé ces problématiques, avec l'augmentation du télétravail qui, paradoxalement, a accru les risques de burn-out pour certains travailleurs. Ce phénomène a contribué à la "Great Resignation", mettant en lumière l'importance du bien-être au travail pour les employés.

Face à ces défis, de nouvelles approches émergent. La méditation de pleine conscience gagne en popularité dans les entreprises pour lutter contre le stress. Certaines organisations explorent même l'utilisation de l'intelligence artificielle pour détecter les signes précoces de burn-out chez leurs employés.

Le coût du stress au travail en Europe est estimé à 617 milliards d'euros par an, soulignant l'urgence d'agir. Le concept de "travail décent" promu par l'Organisation internationale du Travail (OIT) inclut la sécurité et le bien-être des travailleurs, rappelant que la quête de beauté et d'humanité dans le travail n'est pas un luxe, mais une nécessité pour la santé individuelle et collective.

En conclusion, la réflexion sur le discernement entre le juste, l'injuste et l'intolérable dans le monde du travail s'avère plus que jamais nécessaire. La transformation des pratiques professionnelles et l'écoute attentive des individus sont essentielles pour redonner du sens et de la beauté à notre vie professionnelle, dans un monde qui semble s'obscurcir.

Mercer Bergeron

Affaires