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La montée du populisme en Allemagne de l'Est : un héritage de la réunification ?

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34 ans après la réunification, l'Allemagne de l'Est voit monter les partis populistes. Ce phénomène révèle les défis persistants de l'intégration et soulève des questions sur le processus constitutionnel de 1990.

La récente percée de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) et de l'Alliance Sahra Wagenknecht (BSW) lors des élections régionales en Allemagne de l'Est soulève des questions sur l'héritage de la réunification allemande, 34 ans après cet événement historique. Ces résultats électoraux, bien que prévisibles, marquent une première depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et témoignent d'une déstabilisation du système politique traditionnel.

Les succès de ces partis populistes s'expliquent en partie par les spécificités persistantes des Länder de l'ancienne République démocratique allemande (RDA). Parmi ces particularités, on note des structures économiques plus fragiles, une démographie vieillissante et une culture politique davantage axée sur les personnalités que sur les partis. De plus, l'instrumentalisation des arguments anti-immigration et pro-russes dans le contexte de la guerre en Ukraine a joué un rôle significatif.

Il est important de rappeler que la division de l'Allemagne a duré de 1949 à 1990, avec la RDA sous influence soviétique pendant cette période. La chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989 a marqué le début d'un processus de réunification qui s'est achevé en moins d'un an. Cependant, les défis économiques et sociaux ont persisté : de nombreuses entreprises est-allemandes ont fermé après 1990, entraînant une hausse significative du chômage dans la région.

Le sentiment d'être des citoyens de "seconde zone" persiste chez certains Allemands de l'Est, parfois attribué au processus de réunification du 3 octobre 1990. Ce sentiment est renforcé par des réalités économiques : en 2024, le PIB par habitant et le taux d'emploi à l'Est restent inférieurs à ceux de l'Ouest, malgré des progrès notables dans d'autres domaines comme l'espérance de vie.

Le débat sur le processus constitutionnel mis en œuvre après la chute du mur de Berlin refait surface. Le choix d'étendre la Constitution de l'Ouest (la Loi fondamentale de 1949) aux nouveaux Länder de l'Est, sans approbation par référendum, est aujourd'hui questionné. Cette décision, prise pour profiter rapidement du contexte historique favorable, visait également à préserver une Constitution éprouvée, considérée comme le fondement du "patriotisme constitutionnel" allemand d'après-guerre.

"Nous sommes un peuple."

Helmut Kohl, chancelier allemand lors de la réunification, avait déclaré :

Cette approche correspondait aux convictions de la majorité des acteurs politiques de l'époque, y compris une grande partie de l'opinion publique est-allemande, comme en témoigne la victoire de l'"Alliance pour l'Allemagne" lors des élections à la Chambre du peuple du 18 mars 1990, les premières élections libres en RDA.

Malgré les défis persistants, il est important de noter que l'Allemagne réunifiée est devenue le pays le plus peuplé de l'Union européenne. Des symboles de l'ancienne RDA, comme l'"Ampelmännchen" des feux piétons, ont survécu à la réunification, témoignant d'une certaine intégration culturelle.

La montée des partis populistes en Allemagne de l'Est, 34 ans après la réunification, souligne la nécessité de continuer à aborder les disparités économiques et sociales persistantes entre l'Est et l'Ouest. Elle invite également à une réflexion sur le processus constitutionnel de 1990 et ses implications à long terme pour la cohésion nationale allemande.