La Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) entame une nouvelle phase de son action, six mois après un renouvellement de sa direction. Lors d'un colloque au ministère de la Santé le 4 octobre 2024, les nouveaux codirecteurs ont présenté leur vision pour l'avenir de la commission.
Thierry Baubet, Maryse Le Men Régnier et Solène Podevin Favre forment désormais le "collège directeur" de la Ciivise. Leur objectif principal est de passer "d'une culture du silence à une culture de l'accompagnement" pour les enfants victimes de violences sexuelles. Cette transition est cruciale, car l'inceste est considéré comme un tabou dans de nombreuses cultures, ce qui complique souvent la prise en charge des victimes.
Les nouveaux axes de travail de la commission incluent :
- La situation des enfants porteurs de handicap
- Les violences sexuelles en outre-mer
- Le phénomène de la cybercriminalité
Ces domaines d'étude reflètent la complexité et la diversité des formes que peuvent prendre les violences sexuelles envers les enfants. Les professionnels de santé sont formés pour reconnaître les signes d'inceste chez les enfants, mais ces nouvelles pistes pourraient améliorer la détection et la prise en charge dans des contextes spécifiques.
La Ciivise s'appuie sur le travail accompli depuis sa création en mars 2021. La commission initiale, coprésidée par Nathalie Mathieu et Edouard Durand jusqu'à fin 2023, avait adopté une approche novatrice basée sur des réunions publiques permettant aux victimes de s'exprimer. Cette méthode a permis de recueillir 30 000 témoignages, soulignant l'ampleur du problème. Les groupes de soutien jouent un rôle crucial dans le rétablissement des victimes d'inceste, et ces réunions ont sans doute contribué à ce processus pour de nombreux participants.
Le rapport présenté en novembre 2023 contenait 82 recommandations visant à améliorer la prévention, la protection des victimes et la lutte contre l'impunité des agresseurs. Solène Podevin Favre a annoncé que le gouvernement s'est engagé à "organiser une réunion interministérielle dans un délai d'un mois pour rendre son avis sur chacune des 82 recommandations".
Il est important de noter que la prévalence de l'inceste varie selon les études, mais est estimée entre 10-20% de la population. Chaque année, 165 000 enfants sont concernés par les violences sexuelles en France. Ces chiffres alarmants soulignent l'urgence d'une action concertée.
Les effets à long terme de l'inceste peuvent inclure la dépression, l'anxiété et le TSPT. De plus, les victimes d'inceste ont souvent des difficultés à former des relations saines à l'âge adulte. Ces conséquences durables justifient l'importance d'une prise en charge précoce et adaptée.
La nouvelle équipe de la Ciivise ne part pas d'une feuille blanche. Elle s'appuie sur le travail accompli, tout en cherchant à "aller plus loin", selon Thierry Baubet. La prévention de l'inceste implique souvent l'éducation des enfants sur les limites corporelles, un aspect qui pourrait être renforcé dans les futures recommandations.
L'engagement renouvelé du gouvernement et de la Ciivise dans la lutte contre les violences sexuelles faites aux enfants est un pas important. Cependant, le chemin vers une véritable culture de l'accompagnement reste long et nécessitera des efforts soutenus de la part de tous les acteurs de la société.