Dans un rapport publié le 10 octobre 2024, une commission indépendante des Nations Unies a dressé un tableau alarmant de la situation sanitaire à Gaza, territoire palestinien considéré comme l'une des zones les plus densément peuplées au monde. Selon cette commission, dirigée par Navi Pillay, juriste sud-africaine, le secteur de la santé gazaoui a été délibérément ciblé par Israël au cours de l'année écoulée.
Le rapport, couvrant la période d'octobre 2023 à août 2024, met en lumière une série d'attaques contre les infrastructures médicales et le personnel soignant. Ces actions, selon la commission, s'inscrivent dans une stratégie plus large visant à punir collectivement la population palestinienne de Gaza, dont plus de 40% a moins de 14 ans.
La commission conteste fermement les justifications avancées par Israël pour ces attaques. Elle affirme n'avoir trouvé aucune preuve de la présence de combattants palestiniens dans les structures de santé ciblées, comme l'hôpital Al-Shifa, le plus grand complexe médical de Gaza, attaqué en novembre 2023 et mars 2024.
Le système de santé gazaoui, déjà fragile avant le conflit actuel, a été particulièrement touché. L'accès à l'eau potable, déjà problématique avec 97% des ressources contaminées, s'est encore détérioré. La commission souligne que ces attaques ont gravement compromis la capacité de Gaza à fournir des soins de santé essentiels à sa population.
Le rapport ne se limite pas au secteur de la santé. Il dénonce également les abus systématiques commis contre les Palestiniens détenus en Israël, incluant torture, humiliation et violence sexuelle. La commission critique aussi le discours de certains responsables israéliens, qu'elle juge propice à légitimer la vengeance et la violence.
Cependant, le Hamas et ses alliés palestiniens à Gaza ne sont pas épargnés par les critiques. La commission les accuse également de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité pour leur traitement des otages, incluant torture, mauvais traitements et violences sexuelles.
"Les attaques contre les établissements médicaux sont un élément intrinsèque de l'assaut plus large des forces de sécurité israéliennes contre les Palestiniens de Gaza et [contre] l'infrastructure physique et démographique de Gaza, ainsi que des efforts pour étendre l'occupation"
Ce rapport intervient dans un contexte où Gaza, sous blocus depuis 2007, fait face à une crise humanitaire sans précédent. L'UNRWA, agence de l'ONU, joue un rôle crucial dans la fourniture de services essentiels, mais ses capacités sont sévèrement limitées par le conflit en cours.
La situation économique de Gaza, déjà précaire avant le conflit avec un taux de chômage parmi les plus élevés au monde, s'est considérablement détériorée. Les secteurs traditionnels comme l'agriculture et la pêche, ainsi que les infrastructures éducatives, ont été gravement affectés.
Face à ces constats accablants, la communauté internationale est appelée à agir pour mettre fin à cette crise humanitaire et sanitaire, qui menace non seulement la population actuelle de Gaza, mais aussi son avenir et son riche patrimoine historique remontant à plus de 3000 ans.