Fusion Atout France-Business France : inquiétudes et incertitudes
Le projet de fusion entre Atout France et Business France suscite des inquiétudes. Les employés d'Atout France craignent une perte d'identité et de mission, tandis que le gouvernement vise des économies budgétaires.
Dans un contexte de réforme du secteur touristique français, le gouvernement envisage une fusion entre Atout France et Business France, suscitant de vives inquiétudes au sein de l'agence de promotion du tourisme. Cette décision intervient alors que la France, première destination touristique mondiale avec plus de 90 millions de visiteurs annuels, cherche à optimiser ses structures de promotion à l'international.
Le Premier ministre Michel Barnier a annoncé ce projet de fusion dans le cadre du projet de loi de finances 2025, présenté le 10 octobre 2024. L'objectif affiché est de réaliser des économies budgétaires en mutualisant les moyens des deux agences, notamment à l'étranger. Cette décision survient dans un contexte où le tourisme représente environ 7,5% du PIB français et emploie directement et indirectement près de 2 millions de personnes.
Cependant, cette annonce a été accueillie avec appréhension par les employés d'Atout France. L'agence, qui compte 350 personnes réparties entre Paris et l'étranger, craint une perte d'identité et de mission spécifique. Un cadre de l'agence exprime sa perplexité : "Cette fusion-absorption n'a pas de sens. Je ne pense pas qu'il y ait beaucoup d'éléments à mutualiser."
La fusion prévue intervient à un moment où les deux agences se trouvent sans direction. Caroline Leboucher, ancienne directrice d'Atout France, a quitté ses fonctions en juin 2024 dans un contexte de tensions internes. De son côté, Business France est également sans capitaine depuis que son ex-directeur, Laurent Saint-Martin, a pris la tête du ministère du budget en septembre 2024.
"Atout France est dans l'œil du cyclone de la réduction des dépenses publiques, alors que sa subvention est modeste, et que les gains potentiels de mutualisation avec Business France sont loin d'être évidents. Nous sommes sidérés par la méthode. Où est l'intérêt général, où est la considération des salariés ?"
Cette réforme soulève des questions sur l'avenir de la promotion touristique française, alors que le pays se prépare à accueillir les Jeux Olympiques de Paris en 2024, un événement qui devrait attirer des millions de visiteurs supplémentaires. La France, avec ses 45 sites inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO et ses attractions mondialement connues comme la Tour Eiffel (7 millions de visiteurs par an) et le Louvre (10 millions de visiteurs annuels), doit maintenir une stratégie de promotion efficace pour conserver sa position de leader.
La ministre déléguée chargée de l'économie du tourisme, Marina Ferrari, se trouve dans une position délicate. Nommée à ce poste nouvellement créé, elle pourrait se voir privée de son principal levier d'action si la fusion se concrétise. Cette situation met en lumière les défis auxquels le secteur touristique français est confronté, entre nécessité d'optimisation budgétaire et maintien d'une promotion efficace à l'international.
Alors que la France continue de capitaliser sur ses atouts touristiques, tels que sa gastronomie inscrite au patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO, ses 8000 km de côtes, et le plus grand domaine skiable d'Europe, l'avenir de la structure chargée de promouvoir ces richesses reste incertain. La fusion prévue pour 2025 soulève des questions sur la capacité de la nouvelle entité à répondre aux défis spécifiques du secteur touristique, notamment dans un contexte de développement du tourisme durable et d'évolution des attentes des voyageurs.