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Crise au Liban : La France face au défi de l'évacuation de ses ressortissants

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Face à l'escalade des tensions au Liban, la France prépare l'évacuation potentielle de ses 24 000 ressortissants. Les vols commerciaux sont saturés, tandis que l'inquiétude grandit parmi la communauté française.

La situation au Liban se dégrade rapidement, mettant la France face au défi complexe de protéger ses ressortissants. Avec plus de 24 000 Français au Liban, dont une majorité de binationaux, les autorités françaises doivent naviguer dans un contexte géopolitique tendu.

Actuellement, la France recommande à ses citoyens souhaitant quitter le pays de le faire par leurs propres moyens via des vols commerciaux. Une évacuation officielle ne serait déclenchée qu'en cas de fermeture de l'aéroport de Beyrouth, le seul du pays. Cette approche prudente s'inscrit dans un contexte historique complexe, le Liban ayant obtenu son indépendance de la France en 1943 après 23 ans de mandat français.

La compagnie nationale Middle East Airlines (MEA), seule à opérer depuis le Liban, voit ses vols pris d'assaut. Les destinations comme Paris, Chypre, Amman ou Istanbul affichent complet, avec des prix exorbitants pour les rares billets disponibles. Cette situation rappelle la fragilité économique du Liban, qui connaît une grave crise depuis 2019, exacerbée par l'explosion dévastatrice du port de Beyrouth en août 2020.

Pour faire face à cette demande, deux vols supplémentaires vers Paris ont été prévus le 3 octobre 2024, avec 150 places réservées par les autorités françaises. Les billets, négociés entre 500 et 650 dollars, sont à la charge des voyageurs. Les personnes souffrant de maladies chroniques et les plus âgées sont prioritaires. Cette mesure s'inscrit dans un effort plus large de la France pour soutenir ses ressortissants, tout en respectant la souveraineté du Liban, un pays riche d'une histoire millénaire et d'une diversité culturelle unique avec 18 groupes religieux officiellement reconnus.

L'inquiétude grandit parmi la communauté française au Liban, notamment depuis l'escalade récente marquée par des frappes israéliennes et la mort du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, le 27 septembre 2024. Cette tension rappelle la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah, où l'aéroport de Beyrouth avait été bombardé dès le début des hostilités.

"Des gens nous appellent tous les jours affolés, en nous disant : 'Regardez ce que fait l'Allemagne, le Canada', etc. Mais le dispositif français est prêt, il sera actionné en temps voulu."

Ghassan Ayoub, conseiller des Français de l'étranger au Liban

La communication des autorités françaises fait l'objet de critiques. Un mail envoyé aux ressortissants le 25 septembre 2024 a été jugé insuffisant face à la gravité de la situation. Cette critique souligne le défi de communiquer efficacement dans un pays où l'arabe est la langue officielle, mais où le français reste largement utilisé, héritage du passé colonial.

Alors que d'autres pays comme l'Allemagne et le Canada ont déjà pris des mesures d'évacuation plus directes, la France maintient une approche mesurée. Cette stratégie reflète la complexité des relations franco-libanaises, ancrées dans une histoire partagée et une importante diaspora libanaise en France, estimée à plus de 12 millions de personnes dans le monde.

La situation au Liban reste volatile, rappelant la fragilité de ce petit pays de 10 452 km² coincé entre la Syrie et Israël. Alors que la communauté internationale observe avec inquiétude, la France se prépare à toute éventualité, consciente de l'importance stratégique et culturelle du Liban dans la région.