Nîmes : Détenus en révolte contre la surpopulation carcérale

À Nîmes, 150 prisonniers ont protesté contre les conditions de détention déplorables. La prison, prévue pour 200 places, accueille 486 détenus, illustrant une crise pénitentiaire nationale.

3 octobre 2024, 09:00  •  0 vues

Nîmes : Détenus en révolte contre la surpopulation carcérale

Le 28 septembre 2024, la Maison d'arrêt de Nîmes a été le théâtre d'une manifestation inhabituelle. Environ 150 détenus ont refusé de regagner leurs cellules après leur promenade, exprimant leur mécontentement face aux conditions de détention actuelles. Cette protestation, la première depuis 2015 dans cet établissement, met en lumière une situation alarmante dans le système pénitentiaire français.

Construite en 1974, la prison de Nîmes est confrontée à une surpopulation critique. Conçue pour accueillir 200 personnes, elle héberge actuellement 486 détenus, selon le syndicat UFAP-UNSA Justice. Cette surpopulation se traduit par des conditions de vie déplorables : manque d'hygiène, présence de punaises de lit, et jusqu'à trois détenus par cellule de 9 m².

David Dehaye, délégué syndical, décrit une situation explosive :

"Il y a en ce moment cent deux matelas au sol dans le quartier hommes, soit 267 % de surpopulation pénale, et 13 matelas au sol au quartier femmes, soit 270 % de surpopulation. Cela fait des mois qu'on alerte. C'est très tendu. Le bâtiment est vieux et vétuste. Tout cela met le personnel et les détenus à bout."

Témoignage d'un délégué syndical

Cette surpopulation n'est pas un cas isolé. Au 1er janvier 2024, le taux d'occupation moyen des prisons françaises atteignait 115,7%. Les maisons d'arrêt, accueillant prévenus et courtes peines, sont particulièrement touchées, malgré une loi prévoyant théoriquement l'encellulement individuel.

Image

La situation à Nîmes est aggravée par les conditions climatiques. L'été 2024, avec des températures dépassant 40°C, a exacerbé les tensions. Les avocats nîmois, par la voix de la bâtonnière Khadija Aoudia, ont dénoncé des "traitements inhumains et dégradants". Fin juillet, l'Association des avocats pour la défense des droits des détenus et la Ligue des droits de l'homme ont saisi la justice pour demander des améliorations.

Ces conditions de détention difficiles ont des conséquences graves. Elles augmentent les risques de violence entre détenus et envers le personnel, et peuvent accroître le taux de récidive après la libération. De plus, le taux de suicide en prison est significativement plus élevé qu'en population générale.

Face à cette crise, la France a été condamnée plusieurs fois par la Cour européenne des droits de l'homme. Des alternatives à l'incarcération, comme le bracelet électronique, ont été mises en place pour tenter de réduire la population carcérale. Cependant, avec environ 70 000 détenus pour 60 000 places opérationnelles en 2024, le chemin vers une solution durable reste long.

La situation à Nîmes illustre une crise pénitentiaire nationale qui nécessite une action urgente et concertée pour garantir des conditions de détention dignes et respectueuses des droits humains.