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Courses hippiques : victoires et défis dans un sport en mutation

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Le week-end des courses à Paris et Singapour révèle les contrastes d'un sport en déclin. Entre victoires inattendues et fermetures d'hippodromes, l'industrie hippique fait face à des défis majeurs.

Le week-end des 5 et 6 octobre 2024 a été marqué par des événements contrastés dans le monde des courses hippiques. À Paris, le prestigieux Qatar Prix de l'Arc de triomphe a vu la victoire surprise de la jument Bluestocking à l'hippodrome de Longchamp. Cet événement, l'un des plus importants du calendrier hippique mondial, a attiré l'attention des passionnés depuis son inauguration en 1857.

Parallèlement, à Singapour, l'étalon Smart Star a remporté la Gold Cup au Turf Club, marquant la fin d'une ère pour cet hippodrome historique. Cette course était la dernière après 180 ans d'existence, le site devant être démoli pour faire place à un projet immobilier d'envergure en 2027.

La fermeture du Turf Club de Singapour s'explique par la pression démographique croissante dans cette cité-État insulaire d'Asie du Sud-Est. Avec une population dépassant désormais les 6 millions d'habitants, la nécessité de libérer des espaces pour le développement urbain est devenue primordiale. Le gouvernement a justifié cette décision en déclarant :

"Il faut assurer suffisamment de terre pour les futures générations"

Déclaration du gouvernement de Singapour

Cette situation reflète une tendance mondiale de déclin des courses hippiques. Alors que le Turf Club n'accueillait que 10 000 spectateurs pour sa dernière course, le Grand Prix de Formule 1 de Singapour, organisé depuis 2008, attirait récemment près de 270 000 personnes.

Le phénomène n'est pas isolé. L'hippodrome de Macao a fermé ses portes le 1er avril 2024, et seul l'hippodrome de Happy Valley à Hong Kong, héritage de l'ère coloniale britannique datant de 1846, maintient sa popularité dans la région.

Les raisons de ce déclin sont multiples. L'attention croissante portée au bien-être animal, l'émergence de nouveaux loisirs et la popularité grandissante des paris sportifs en ligne ont contribué à réduire l'attrait des courses hippiques. Ce sport, autrefois divertissement populaire sous l'Ancien Régime, est aujourd'hui perçu comme élitiste et déconnecté des préoccupations contemporaines.

En France, malgré ses 230 hippodromes, l'industrie hippique peine à attirer le public. Le PMU (Pari Mutuel Urbain), créé en 1930, gère les paris hippiques et finance la filière avec des recettes nettes d'environ 800 millions d'euros. Face au déclin observé depuis 2015, l'organisation s'est diversifiée dans les paris sportifs et le poker en ligne, légalisé en France en 2010.

L'industrie hippique fait face à des défis majeurs, notamment éthiques, concernant le traitement des animaux. L'incident tragique survenu lors du Qatar Prix de l'Arc de triomphe, où le cheval Haya Zark est décédé peu après avoir été retiré de la course, souligne ces préoccupations.

Malgré ces difficultés, certains pays comme le Japon maintiennent une forte culture des courses de chevaux. Des événements comme la Melbourne Cup en Australie et le Kentucky Derby aux États-Unis continuent d'attirer l'attention internationale.

L'avenir des courses hippiques dépendra de leur capacité à s'adapter aux nouvelles attentes du public, à intégrer les technologies modernes de diffusion en direct, et à répondre aux préoccupations éthiques. L'industrie, qui génère de nombreux emplois dans l'élevage et l'entraînement des chevaux, devra trouver un équilibre entre tradition et innovation pour assurer sa pérennité.