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120 enfants français toujours détenus dans des camps syriens

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Malgré les rapatriements, 120 enfants français et leurs mères restent dans des camps syriens. Les avocats et grands-parents appellent à leur retour, soulignant l'urgence sanitaire et sécuritaire.

Dans le nord-est de la Syrie, une situation préoccupante persiste : 120 enfants français et leurs mères, anciennement liées à l'État islamique (EI), demeurent dans des camps de détention kurdes. Cette réalité perdure malgré les efforts de rapatriement entrepris en 2022 et 2023, soulignant la complexité de la situation.

Me Marie Dosé, avocate engagée depuis des années pour le rapatriement de ces enfants, explique : « La France conditionne aujourd'hui toute opération de rapatriement à la formulation de demandes explicites de ces femmes qui ne peuvent ou ne veulent pas ». Cette politique soulève des questions sur la protection des droits de l'enfant, notamment au regard de la Convention internationale des droits de l'enfant, ratifiée par la France en 1990.

Le temps qui passe aggrave la situation de ces enfants, dont certains deviennent adolescents voire jeunes adultes dans ces camps. Me Matthieu Bagard, coprésident d'Avocats sans frontières France, observe : « Ce que j'observe au fil du temps qui passe, c'est la situation changer et se dégrader pour ces enfants ».

Une délégation composée de sept grands-parents et de deux avocats s'est rendue sur place fin août 2024, pour la deuxième fois cette année-là. Cette visite a permis des retrouvailles émouvantes, mais aussi déchirantes. Un grand-parent témoigne : « Ces retrouvailles auraient dû se passer en France et non pas dans un camp sordide. Nos petits-enfants se projettent en France. Ils ont envie de rentrer, c'est évident ».

Le Collectif des familles unies, dont font partie ces grands-parents, décrit la situation dans le camp de Roj : « [Nos petits-enfants] souffrent et dépérissent depuis six ans, sans protection, sans école et sans soins ». Cette réalité contraste fortement avec les droits fondamentaux des enfants, tels que définis par l'ONU.

La situation est particulièrement alarmante pour les garçons plus âgés, entre 12 et 14 ans, qui sont transférés dans des centres de réhabilitation comme Orkesh et Houri, ou dans la prison d'Alaya. Ces établissements, bien que visant à déradicaliser les jeunes, soulèvent des inquiétudes quant à leur efficacité et aux conditions de détention.

Me Dosé alerte sur l'urgence de la situation : « Leur état de santé est catastrophique, les rapatrier est une question de vie ou de mort ». Cette déclaration souligne l'importance d'une action rapide pour protéger ces enfants, victimes des choix de leurs parents et des complexités géopolitiques de la région.

La question du rapatriement de ces enfants et de leurs mères reste un sujet de débat en France et en Europe. Alors que certains pays ont opté pour des rapatriements plus systématiques, la France maintient une approche au cas par cas, suscitant des critiques de la part des défenseurs des droits humains.

« Ce fut tout à la fois une immense joie [de les retrouver] et un déchirement de devoir quitter nos petits-enfants et de les laisser derrière nous, dans ce camp [de Roj] »

Laurent, un grand-parent (prénom modifié)

Cette situation complexe met en lumière les défis auxquels font face non seulement la France, mais aussi la communauté internationale, dans la gestion de l'héritage de l'EI et la protection des droits des enfants dans les zones de conflit.