Américain condamné en Russie : 7 ans de prison pour "mercenariat"

Un Américain de 72 ans a été condamné à près de 7 ans de prison en Russie pour "mercenariat" en Ukraine. Cette affaire s'inscrit dans un contexte de tensions diplomatiques croissantes entre Moscou et Washington.

7 octobre 2024, 11:33  •  0 vues

Américain condamné en Russie : 7 ans de prison pour "mercenariat"

La justice russe a prononcé une peine de près de sept ans de prison à l'encontre de Stephen Hubbard, un citoyen américain de 72 ans, pour des accusations de "mercenariat" au service de l'Ukraine. Cette condamnation, survenue le 7 octobre 2024, met en lumière les tensions persistantes entre Moscou et Washington.

Hubbard, originaire de Big Rapids dans le Michigan, une ville d'environ 10 000 habitants, aurait vécu à Izioum, dans la région de Kharkiv, depuis 2014. Cette ville, située sur la rivière Donets, a connu une occupation russe du printemps à l'automne 2022.

L'accusé aurait rejoint un bataillon de la défense territoriale ukrainienne, une structure créée en 2014 suite à l'annexion de la Crimée par la Russie. Selon les autorités russes, il aurait perçu une rémunération mensuelle d'au moins 1 000 dollars pour ses services.

Le procès de Hubbard s'est déroulé à huis clos de manière accélérée, une pratique controversée en droit international. Sa détention, tenue secrète pendant plus de deux ans, n'a été révélée que le 27 septembre 2024, à la veille de son procès.

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Cette affaire s'inscrit dans un contexte plus large de détentions d'Américains en Russie. Washington accuse Moscou d'incarcérer ses ressortissants dans le but de les échanger contre des agents russes détenus en Occident. Le 1er août 2024, le plus important échange de prisonniers depuis la fin de la Guerre froide (1947-1991) a eu lieu entre la Russie et les pays occidentaux.

D'autres cas similaires ont été signalés. Robert Gilman, un autre citoyen américain, a vu sa peine de prison prolongée à Voronej, un important centre industriel et culturel russe. Ksenia Karelina, une ressortissante russo-américaine, a été condamnée à 12 ans de prison en août 2024 pour avoir fait un don à une organisation soutenant l'Ukraine.

La loi russe sur les "agents de l'étranger", introduite en 2012, est également utilisée contre des ressortissants étrangers. Le Français Laurent Vinatier, chercheur spécialiste de l'espace post-soviétique, est actuellement jugé pour ne pas s'être enregistré en tant qu'"agent de l'étranger".

Ces affaires illustrent la détérioration des relations diplomatiques entre la Russie et les États-Unis, qui s'est accentuée depuis 2014. La pratique des échanges de prisonniers, qui remonte à l'Antiquité, reste un outil diplomatique important dans ce contexte tendu.

"Stephen Hubbard est apparu lundi à son verdict dans un tribunal de Moscou, visiblement fatigué et marchant péniblement"

Déclaration de l'Agence France-Presse (AFP)

L'AFP, l'une des plus anciennes agences de presse au monde fondée en 1835, a rapporté l'état physique préoccupant de Hubbard lors de son apparition au tribunal.

Cette affaire soulève des questions sur le respect des droits de l'homme et des conventions internationales, notamment la Convention de Genève qui définit le statut des mercenaires dans les conflits armés. La peine maximale pour mercenariat en Russie peut aller jusqu'à 18 ans de prison, ce qui rend la sentence de Hubbard relativement clémente dans ce contexte.