Travailleuses sierra-léonaises piégées au Liban : un appel à l'aide désespéré

Des employées de maison sierra-léonaises se retrouvent prises au piège des bombardements au Liban, sans papiers ni ressources. Leur situation précaire met en lumière les défis auxquels sont confrontés les travailleurs migrants.

4 octobre 2024, 09:01  •  0 vues

Travailleuses sierra-léonaises piégées au Liban : un appel à l'aide désespéré

Dans un contexte de tensions accrues au Liban, des travailleuses domestiques originaires de Sierra Leone se retrouvent dans une situation désespérée, prises au piège des bombardements qui frappent le pays depuis la mi-septembre 2024. Ces femmes, venues pour subvenir aux besoins de leurs familles, font face à des défis insurmontables, exacerbés par un conflit dont elles ne sont que les victimes collatérales.

Le cas de Fatima Samuella Tholley, 27 ans, illustre la précarité de leur situation. Après la mort de son employeur dans une frappe israélienne, elle s'est retrouvée à Beyrouth, une ville qu'elle ne connaissait pas, sans papiers ni ressources. Son témoignage poignant révèle l'ampleur de la détresse vécue par ces travailleuses :

"Nous ne savons pas aujourd'hui si nous vivrons ou non, seul Dieu le sait. Je n'ai rien : pas de passeport, pas de document."

Fatima Samuella Tholley, travailleuse domestique sierra-léonaise

Cette situation met en lumière les problèmes liés au système kafala, un régime de parrainage controversé qui régit le travail des migrants au Liban et dans d'autres pays du Moyen-Orient. Ce système, critiqué par les organisations de défense des droits humains, facilite divers abus, notamment la confiscation des documents officiels, rendant les travailleurs vulnérables et dépendants de leurs employeurs.

La communauté sierra-léonaise au Liban s'inscrit dans une longue histoire de liens entre les deux pays. La Sierra Leone, petit pays d'Afrique de l'Ouest fondé en 1787 comme colonie pour les esclaves affranchis, abrite une importante communauté libanaise établie depuis plus d'un siècle. Ces liens historiques ont favorisé la migration de travailleurs sierra-léonais vers le Liban, cherchant à échapper à la pauvreté dans leur pays d'origine, qui a l'un des taux d'alphabétisation les plus bas au monde.

Image

Les témoignages recueillis par l'AFP révèlent des conditions de travail difficiles. Mariatu Musa Tholley, 29 ans, rapporte qu'elle travaillait de 6 heures à minuit, sept jours sur sept, pour un salaire mensuel de 150 dollars. Ces femmes, souvent confinées dans les maisons de leurs employeurs, se retrouvent aujourd'hui sans ressources et exposées aux dangers des bombardements.

Le gouvernement sierra-léonais tente de réagir à cette crise. Kai S. Brima, du ministère des affaires étrangères, a déclaré que des efforts étaient en cours pour recenser les ressortissants sierra-léonais au Liban et leur fournir des documents de voyage d'urgence. Cependant, la tâche s'avère complexe, notamment en raison de la perte fréquente des papiers d'identité.

Cette situation s'inscrit dans un contexte plus large de défis auxquels le Liban fait face. Le pays, connu pour sa diversité religieuse et ethnique, a connu une guerre civile dévastatrice de 1975 à 1990, suivie de plusieurs conflits avec Israël. Plus récemment, le Liban a été frappé par une grave crise économique depuis 2019, exacerbée par l'explosion dévastatrice du port de Beyrouth en août 2020.

Pour les travailleuses sierra-léonaises, l'avenir reste incertain. Leur appel à l'aide résonne comme un rappel poignant des défis auxquels sont confrontés les travailleurs migrants dans des situations de conflit. Alors que le Liban continue de faire face à des bombardements, ces femmes espèrent désespérément pouvoir rentrer chez elles, dans un pays qui, malgré ses propres défis, représente pour elles la sécurité et la famille.