Stratégie de financement écologique : le défi des 110 milliards annuels

Le gouvernement Barnier dévoile sa stratégie de financement de la transition écologique, visant à doubler les investissements d'ici 2030. Les secteurs public et privé sont appelés à intensifier leurs efforts.

10 octobre 2024, 12:17  •  0 vues

Stratégie de financement écologique : le défi des 110 milliards annuels

Le gouvernement français, dirigé par le Premier ministre Michel Barnier, s'apprête à dévoiler sa stratégie pluriannuelle de financement de la transition écologique (SPAFTE) le 11 octobre 2024. Ce plan ambitieux vise à doubler les investissements dans la transition écologique d'ici 2030, un objectif qui s'inscrit dans la lignée de l'engagement de la France à atteindre la neutralité carbone d'ici 2050.

La SPAFTE, élaborée conjointement par la Direction du Trésor, le Secrétariat général à la planification écologique, le ministère de la Transition écologique et Matignon, estime que les investissements bas-carbone devront augmenter de 110 milliards d'euros par an d'ici 2030 par rapport à 2021. Cette augmentation significative est jugée nécessaire pour atteindre les objectifs climatiques de la France, qui s'est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 40% d'ici 2030 par rapport à 1990.

Le document souligne l'importance d'une réorientation massive des flux de financements et d'une répartition équitable de l'effort entre tous les acteurs économiques. En 2023, l'investissement global dans la transition écologique s'élevait à 109 milliards d'euros, ce qui montre l'ampleur du défi à relever.

Deux scénarios sont envisagés pour atteindre les objectifs fixés d'ici 2027 :

  • Si le secteur privé (entreprises et ménages) atteint 20% d'investissements verts, l'augmentation pourrait atteindre 159 milliards d'euros par an.
  • Si le secteur privé maintient sa tendance actuelle, l'investissement bas-carbone ne serait que de 107 milliards d'euros en 2027.

Le gouvernement reconnaît que le secteur public a jusqu'à présent joué un rôle plus important, avec 20% de ses investissements dans des actifs bas-carbone en 2022, contre seulement 13% pour le secteur privé.

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Malgré les contraintes budgétaires, l'exécutif prévoit d'augmenter ses propres dépenses pour créer un effet de levier dans tous les secteurs. Les dépenses de l'État devraient atteindre 39,5 milliards d'euros d'ici 2027, soit une augmentation de 12,6 milliards par rapport à 2023. Cette augmentation intervient dans un contexte où certains dispositifs, tels que MaPrimeRénov' et le Fonds vert, verront leurs crédits diminuer l'année prochaine.

La SPAFTE s'inscrit dans la continuité des efforts précédents, comme le Plan de relance de 2020 qui prévoyait 30 milliards d'euros pour la transition écologique. Elle vise à accélérer la transition vers une économie bas-carbone, en ligne avec les objectifs de l'Accord de Paris sur le climat signé en 2015.

Cette stratégie est particulièrement attendue par des secteurs clés comme la construction automobile, qui représente environ 4% du PIB français, et les énergies renouvelables, qui constituaient 19,3% de la consommation finale brute d'énergie en France en 2020.

Le succès de cette stratégie dépendra de la capacité du gouvernement à mobiliser tous les acteurs économiques et à créer un environnement propice aux investissements verts. La présentation de la SPAFTE à l'Assemblée nationale, qui compte 577 députés, marquera le début d'un débat crucial sur l'avenir écologique et économique de la France.