Ruée sur les billets SNCF : le yield management en question

La vente massive de billets SNCF pour les fêtes soulève des questions sur le yield management. Malgré les critiques, le train gagne en popularité face aux défis financiers de la modernisation du réseau.

4 octobre 2024, 08:10  •  0 vues

Ruée sur les billets SNCF : le yield management en question

Le 2 octobre 2024, la SNCF a connu une affluence record pour la vente de billets de train couvrant la période des fêtes de fin d'année, du 15 décembre 2024 au 8 janvier 2025. En une seule journée, 1,7 million de billets TGV InOui et Intercités ont été vendus via la plateforme SNCF Connect, avec un pic de vente atteignant neuf TGV par minute.

Cette ruée sur les billets met en lumière le système de tarification utilisé par la SNCF : le yield management. Introduit au début des années 1990 sur le TGV Nord, ce mécanisme s'inspire des pratiques du transport aérien américain. Il vise à optimiser les revenus en ajustant les prix en fonction de la demande et de la disponibilité.

Jacques Fournier, ancien patron de la SNCF, avait défendu ce système en arguant qu'une gamme de prix suffisamment large ne compromettrait pas la lutte contre les inégalités sociales. Trente ans plus tard, la SNCF propose toujours des options abordables grâce aux cartes de réduction Avantage, aux TGV Ouigo à bas coût, et aux trains moins rapides.

Le yield management répond à un besoin crucial de financement pour la SNCF. Contrairement aux TER et au Transilien, subventionnés, les TGV doivent s'autofinancer. La compagnie, qui a renoué avec les bénéfices en 2022, fait face à d'importants investissements pour moderniser son réseau de 28 000 kilomètres de voies ferrées.

Jean-Pierre Farandou, PDG de la SNCF, a souligné l'importance de ces investissements devant la commission du développement durable de l'Assemblée nationale. Il a rappelé que SNCF Voyageurs contribuera à hauteur de 1,7 milliard d'euros en 2024 pour financer ces améliorations.

Malgré les critiques sur le manque de transparence tarifaire, notamment de la part de l'UFC-Que choisir, la popularité du train ne faiblit pas. La SNCF a réussi son pari de faire préférer le train aux Français, qui le plébiscitent malgré les variations de prix.

Image

Le succès du TGV, mis en service en 1981, ne se dément pas. Avec une vitesse commerciale maximale de 320 km/h, il a révolutionné le transport ferroviaire. Le réseau TGV dessert aujourd'hui plus de 230 destinations en France et en Europe, et a transporté son milliardième passager en 2013.

La SNCF, créée en 1938, est devenue le deuxième plus grand employeur de France. Elle exploite environ 14 000 trains par jour et a transporté plus de 1,2 milliard de voyageurs en 2019. L'entreprise a été transformée en société anonyme à capitaux publics en 2020, marquant une nouvelle ère dans son histoire.

Face aux défis environnementaux, la SNCF s'est fixé l'objectif ambitieux de doubler la part du rail dans le transport de voyageurs d'ici 2030. Cette ambition s'accompagne d'investissements massifs, avec plus de 10 milliards d'euros consacrés à la rénovation du réseau en 2020.

Bien que le yield management soulève des questions, il permet à la SNCF de financer ces projets essentiels. Les voyageurs disposent toujours d'options pour voyager à moindre coût, comme le TGV Ouigo lancé en 2013 ou la carte Avantage offrant jusqu'à 30% de réduction.

En fin de compte, malgré les critiques, le train continue de gagner du terrain dans les préférences des Français, réalisant ainsi la vision exprimée par le slogan de la SNCF des années 1990 : "A nous de vous faire préférer le train".