Hausse drastique de la taxe aérienne : le secteur français en alerte

Le gouvernement français prévoit d'augmenter significativement la taxe sur les billets d'avion, visant à collecter un milliard d'euros supplémentaire par an. Les compagnies aériennes s'inquiètent de l'impact sur leur compétitivité.

3 octobre 2024, 18:22  •  0 vues

Hausse drastique de la taxe aérienne : le secteur français en alerte

Le gouvernement français, dirigé par le Premier ministre Michel Barnier, envisage une augmentation substantielle de la fiscalité sur le transport aérien dans le cadre de son plan d'économies de 60 milliards d'euros. Cette décision, confirmée le 1er octobre 2024 par le ministre délégué aux transports François Durovray, vise à générer un milliard d'euros supplémentaire par an.

La taxe de solidarité sur les billets d'avion (TSBA), instaurée en 2006 et surnommée "taxe Chirac", est au cœur de cette stratégie. Initialement conçue pour financer la lutte contre le sida en Afrique, cette taxe rapportait jusqu'à présent 460 millions d'euros annuellement. L'augmentation prévue touchera tous les passagers, avec des hausses particulièrement marquées pour les vols long-courriers.

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Pour les voyageurs en classe affaires sur des vols de plus de 5 000 km, la TSBA devrait tripler, passant d'environ 60 euros à 200 euros. En classe économique, la hausse sera encore plus prononcée, avec une multiplication par huit, de 7,5 euros à 60 euros. L'aviation d'affaires n'est pas épargnée, avec une taxe pouvant atteindre 3 000 euros par passager pour les vols long-courriers.

Cette décision intervient dans un contexte déjà difficile pour le secteur aérien français. Pascal de Izaguirre, président de la Fédération nationale de l'aviation et de ses Métiers (FNAM), souligne que les taxes sur les vols domestiques représentent déjà 40% du prix du billet. De plus, le pavillon français connaît un déclin depuis deux décennies, perdant 1% de part de marché chaque année.

Les compagnies aériennes françaises, dont Air France qui s'acquitte déjà de 30% du produit de la taxe, expriment leurs inquiétudes quant à l'impact sur leur compétitivité. Elles craignent que cette augmentation ne renforce les écarts avec les opérateurs étrangers, qui détiennent actuellement 62,5% des parts de marché en France.

Il est important de noter que cette mesure s'inscrit dans un contexte plus large de lutte contre le changement climatique. Le transport aérien représente environ 2% des émissions mondiales de CO2, et la France cherche à réduire son empreinte carbone dans ce secteur. Des initiatives comme l'interdiction des vols intérieurs courts lorsqu'une alternative ferroviaire existe et le développement de projets d'avions à hydrogène témoignent de cette volonté.

Cependant, le secteur aérien français, qui emploie plus de 300 000 personnes et joue un rôle crucial dans l'industrie touristique du pays, se trouve face à un défi de taille. L'équilibre entre les objectifs environnementaux, les besoins budgétaires de l'État et la compétitivité du secteur aérien français reste un enjeu majeur pour les années à venir.

"Le transport aérien est en état de choc alors que le secteur est déjà fragilisé et convalescent après la pandémie"

Pascal de Izaguirre, président de la FNAM

Cette augmentation de la TSBA soulève des questions sur l'avenir du transport aérien en France et son adaptation aux défis économiques et environnementaux du 21e siècle.