Escalade au Liban : Israël élimine le chef du Hezbollah

Le conflit au Liban s'intensifie avec l'offensive israélienne et l'élimination du chef du Hezbollah. Retour sur l'histoire et l'influence croissante de cette organisation controversée au Liban.

4 octobre 2024, 08:34  •  0 vues

Escalade au Liban : Israël élimine le chef du Hezbollah

Le Liban a connu une escalade rapide du conflit ces dernières semaines, marquant un tournant dans la situation géopolitique de la région. Après une année de tensions à la frontière nord, Israël a lancé une offensive majeure les 17 et 18 septembre 2024, ciblant Beyrouth avec des attaques électroniques sophistiquées. Cette action a été suivie d'une intensification des frappes aériennes israéliennes.

Le 27 septembre 2024, quelques jours avant une opération terrestre prévue au sud du Liban, l'armée israélienne a mené une frappe décisive dans la banlieue sud de Beyrouth. Cette attaque a entraîné l'élimination de Hassan Nasrallah, qui dirigeait le Hezbollah depuis 1992. Cet événement marque un tournant majeur dans le conflit et pourrait avoir des répercussions significatives sur l'équilibre des forces dans la région.

Le Hezbollah, organisation au cœur de ce conflit, a une histoire complexe qui remonte à plusieurs décennies. Fondé en 1985 en réponse à l'occupation israélienne du Liban, le groupe s'est rapidement imposé comme un acteur majeur de la scène politique et militaire libanaise. Initialement mentionné dans Le Monde en 1979 dans le contexte de la révolution iranienne, le terme "Hezbollah" est devenu synonyme d'une organisation politico-religieuse influente au Liban.

Au fil des années, le Hezbollah a évolué d'un groupe militant à une organisation complexe avec des branches politique et militaire. Il a participé aux élections libanaises depuis 1992 et a obtenu des sièges au parlement, tout en maintenant une forte présence militaire, notamment dans le sud du Liban. L'organisation a développé un vaste réseau de services sociaux, renforçant son soutien parmi certaines communautés libanaises.

Cependant, le Hezbollah reste une organisation controversée. Il est considéré comme un groupe terroriste par plusieurs pays occidentaux et a été impliqué dans de nombreux conflits, notamment avec Israël. L'organisation a été accusée de plusieurs attentats meurtriers dans les années 1980, y compris l'attaque contre l'immeuble Drakkar à Beyrouth en 1983, qui a coûté la vie à 58 parachutistes français.

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Le Hezbollah a également étendu son influence au-delà des frontières du Liban. Il a été impliqué dans la guerre civile syrienne, soutenant le régime d'Assad, et a développé des capacités de cyberguerre sophistiquées. L'organisation reçoit un soutien financier et militaire important de l'Iran, ce qui lui a permis de constituer un arsenal militaire conséquent, incluant des missiles.

Malgré son influence croissante, la perception du Hezbollah par la population libanaise reste mitigée. Si certains le voient comme un défenseur contre l'agression israélienne, d'autres le considèrent comme une menace à la stabilité du pays. Cette dualité reflète la complexité de la situation politique et sociale au Liban.

L'élimination récente de Hassan Nasrallah et l'escalade du conflit soulèvent de nombreuses questions sur l'avenir du Hezbollah et la stabilité du Liban. Alors que la région se trouve à un carrefour critique, l'impact de ces événements sur l'équilibre des forces au Moyen-Orient reste à déterminer.

"Le Hezbollah ne fait toutefois pas recette et, dans la conscience d'une population impuissante et abandonnée à son sort, son rejet est aussi fort que celui d'Israël"

Françoise Chipaux, envoyée spéciale du Monde, décrivant la situation en 1991

Cette observation, bien que datant de plus de trois décennies, résonne encore aujourd'hui, illustrant la complexité persistante des relations entre le Hezbollah, la population libanaise et les acteurs régionaux.