Crise financière : Des gendarmeries françaises suspendent le paiement des loyers

Des casernes de gendarmerie en France font face à une crise financière, suspendant le paiement de leurs loyers. Le ministère de l'Intérieur promet une résolution début 2025, citant les JO et le déploiement en Nouvelle-Calédonie comme causes.

8 octobre 2024, 17:10  •  0 vues

Crise financière : Des gendarmeries françaises suspendent le paiement des loyers

La Gendarmerie nationale française, institution créée en 1791 et comptant environ 100 000 personnels actifs, traverse actuellement une crise financière sans précédent. Plusieurs casernes ont été contraintes de suspendre le paiement de leurs loyers, une situation qui met en lumière les défis budgétaires auxquels fait face cette force de sécurité militaire.

Le ministère de l'Intérieur, qui supervise la Gendarmerie depuis 2009, a révélé le 9 octobre 2024 que le montant total des loyers impayés s'élève à 200 millions d'euros. Cette situation est attribuée à trois facteurs principaux : une insuffisance initiale de crédits, des dépenses imprévues liées aux événements en Nouvelle-Calédonie, et les coûts de sécurisation des Jeux olympiques de Paris 2024, qui se sont déroulés du 26 juillet au 11 août 2024.

Face à ces difficultés, le ministère a dû prioriser les dépenses opérationnelles, telles que le carburant, au détriment du paiement des loyers. Les loyers de septembre, octobre et novembre 2024 ont été reportés à décembre, avec l'assurance que la situation sera normalisée début 2025.

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Cette crise financière a des répercussions significatives sur les communes qui hébergent ces gendarmeries. À Elne, près de Perpignan, la gendarmerie n'a réglé que le premier trimestre de son loyer annuel, laissant un manque à gagner de plus de 100 000 euros pour la municipalité. Cette situation est d'autant plus préoccupante que la commune s'est endettée de trois millions d'euros pour la construction de nouveaux locaux en 2012.

Dans l'Aillantais (Yonne), la gendarmerie a annoncé un gel des loyers à partir d'octobre 2024, une décision qualifiée de "burlesque" par le président de la communauté de communes, Mahfoud Aomar.

L'Association des maires de France (AMF), fondée en 1907, a vivement réagi à cette situation. Edmond Jorda, président de l'AMF des Pyrénées-Orientales, dénonce une "double peine" pour les communes qui assurent déjà la trésorerie de l'État en portant les emprunts de construction des gendarmeries.

Il est important de noter que la Gendarmerie nationale, dont le budget en 2023 était d'environ 9,7 milliards d'euros, assure la sécurité sur 95% du territoire français. Elle dispose d'environ 3 800 brigades territoriales et d'une flotte de 30 000 véhicules.

Le ministère de l'Intérieur assure que seuls les bailleurs dont la trésorerie peut supporter ces retards sont concernés par ce report de paiement. Les petits bailleurs, les particuliers et les plus petites collectivités, ainsi que celles d'Outre-mer, ne seraient pas affectés.

Cette crise financière soulève des questions sur la gestion budgétaire de la Gendarmerie nationale, dont la devise est "Pour la Patrie, l'Honneur et le Droit". Alors que l'institution joue un rôle crucial dans la sécurité nationale et participe même à des opérations de maintien de la paix à l'étranger, cette situation met en lumière les défis auxquels elle est confrontée pour maintenir son efficacité opérationnelle tout en gérant ses obligations financières.

"Une commune comme la nôtre, on est toujours ric-rac. Le risque est de devoir rogner sur certains frais de fonctionnement."

Nicolas Garcia, maire communiste d'Elne

La résolution de cette crise financière sera cruciale pour maintenir la confiance entre la Gendarmerie nationale, les collectivités locales et le gouvernement, tout en assurant la continuité des services de sécurité essentiels à la nation.