Crise alimentaire à Gaza : un an de dépendance à l'aide humanitaire

Un an après le début du conflit, la population de Gaza dépend entièrement de l'aide alimentaire. Le Programme alimentaire mondial fait face à des défis majeurs pour nourrir 1,1 million de personnes.

4 octobre 2024, 09:02  •  0 vues

Crise alimentaire à Gaza : un an de dépendance à l'aide humanitaire

Un an après le début du conflit à Gaza, la situation alimentaire reste critique. Antoine Renard, directeur-pays du Programme alimentaire mondial (PAM) en Palestine, dresse un bilan alarmant de la situation sur le terrain.

La bande de Gaza, une zone de 365 km² bordant la mer Méditerranée, est aujourd'hui entièrement dépendante de l'aide alimentaire. Le PAM soutient 1,1 million de personnes, tandis que l'UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine) en aide autant. Cette dépendance totale souligne l'ampleur de la crise humanitaire dans l'une des régions les plus densément peuplées au monde.

Le quotidien des Gazaouis se résume à une quête incessante pour les besoins essentiels. La plupart des habitants, privés de revenus, passent leurs journées à faire la queue pour obtenir de l'eau, du pain ou un repas chaud dans une cuisine collective. Malgré ces difficultés, Renard souligne l'esprit de partage qui persiste au sein des familles.

La diversité alimentaire d'avant-guerre a disparu. Les fruits et légumes sont devenus rares, particulièrement dans le nord de Gaza où vivent entre 300 000 et 400 000 personnes. Le pain est souvent le seul produit frais accessible. Cette situation est d'autant plus préoccupante que Gaza dispose d'un potentiel agricole inexploité et d'une tradition de pêche entravée par les restrictions.

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Le risque de famine est élevé. Une enquête de juin 2024 révélait que 96% de la population était en phase de crise alimentaire. Bien qu'une légère amélioration ait été observée en juillet et août, la situation s'est à nouveau détériorée en septembre. Ces fluctuations sont directement liées aux difficultés d'accès à l'aide humanitaire.

L'acheminement de l'aide reste un défi majeur. Le PAM utilise divers corridors depuis l'Égypte, la Jordanie et le port israélien d'Ashdod. Cependant, les flux sont instables : 13 500 tonnes d'aide sont entrées en août, contre 10 000 en septembre. La division de Gaza en deux zones séparées complique davantage la distribution, créant des disparités entre le nord et le sud.

Cette crise s'inscrit dans un contexte plus large de difficultés pour Gaza. Avec un taux de chômage qui dépassait 45% avant le conflit actuel, une population majoritairement composée de réfugiés, et plus de 95% de l'eau non potable selon les normes de l'OMS, la région fait face à des défis multiples.

Malgré ces obstacles, la population de Gaza, dont plus de 40% a moins de 14 ans, maintient un taux d'alphabétisation remarquable de plus de 95%. Cette résilience, ancrée dans une histoire remontant à plus de 3000 ans, témoigne de la force d'une communauté confrontée à une crise humanitaire sans précédent.

"C'est comme un robinet qu'on ouvre et qu'on ferme."

Antoine Renard, directeur-pays du PAM en Palestine

Cette image saisissante illustre la nature imprévisible de l'aide humanitaire à Gaza, soulignant l'urgence d'une solution durable pour assurer la sécurité alimentaire de la population.