Catastrophe en Amazonie bolivienne : incendies record et communautés en péril

La Bolivie déclare l'état de catastrophe nationale face aux incendies dévastateurs en Amazonie. 6,9 millions d'hectares brûlés, dépassant le record de 2019, menacent gravement les communautés indigènes et la biodiversité.

4 octobre 2024, 08:34  •  0 vues

Catastrophe en Amazonie bolivienne : incendies record et communautés en péril

La Bolivie fait face à une crise environnementale sans précédent. Depuis mai 2024, des incendies massifs ravagent l'Amazonie bolivienne, poussant le président Luis Arce à déclarer l'état de catastrophe nationale le 30 septembre. Cette décision souligne l'ampleur alarmante de la situation dans un pays où l'Amazonie couvre environ 43% du territoire.

Les feux, principalement causés par la pratique traditionnelle du chaqueo (défrichage par le feu), ont été exacerbés par une sécheresse précoce et intense. Le changement climatique joue un rôle crucial, augmentant la fréquence et l'intensité des périodes sèches en Amazonie. Selon le climatologue Juan Minetti, "les arbres sont devenus plus facilement inflammables" et les épisodes de sécheresse "sont de plus en plus fréquents" sur le continent.

L'ampleur des dégâts est stupéfiante : 6,9 millions d'hectares ont été détruits, une superficie équivalente à celle de l'Irlande. Ce chiffre dépasse le précédent record de 2019, où 5,3 millions d'hectares avaient brûlé. Le département de Santa Cruz, qui représente environ un tiers de la superficie totale de la Bolivie, est le plus touché, abritant 72% des foyers d'incendie.

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Les conséquences de ces incendies sont dévastatrices pour la biodiversité exceptionnelle de la Bolivie, l'un des pays les plus biodiversifiés au monde. La forêt amazonienne, cruciale pour la régulation du climat mondial, perd du terrain. Entre 2000 et 2020, la Bolivie a déjà perdu environ 6 millions d'hectares de forêt, et cette nouvelle vague d'incendies aggrave considérablement la situation.

Les populations indigènes sont les principales victimes de cette catastrophe. Alex Villca Limaco, porte-parole de la Coordination nationale de défense des territoires indigènes, alerte sur la situation critique :

"Nous [les peuples indigènes] courons le risque d'une mort silencieuse. La quasi-totalité des cinquante-huit territoires autochtones qui se trouvent dans les départements atteints a été touchée par les feux."

Alex Villca Limaco, indigène du peuple uchupiamona

De nombreuses communautés, dépendant de la cueillette de noix du Brésil, de la chasse et de la collecte de plantes médicinales, sont contraintes de migrer vers les villes. Cette situation menace non seulement leur mode de vie traditionnel mais aussi leur survie même.

Les conséquences sanitaires sont également alarmantes. La fumée des incendies, qui peut voyager sur des milliers de kilomètres, a recouvert la région d'un nuage gris, rendant l'air irrespirable. De nombreuses personnes souffrent de toux, de problèmes respiratoires et cutanés.

Cette catastrophe met en lumière l'urgence de protéger l'Amazonie bolivienne, qui abrite plus de 14 000 espèces de plantes et de nombreux sites archéologiques précolombiens. La perte de cette forêt pourrait avoir des conséquences dramatiques sur les régimes pluviométriques dans toute l'Amérique du Sud et accélérer la désertification de certaines zones.

Malgré l'adoption en 2010 de la "Loi des droits de la Terre Mère" reconnaissant les droits de la nature, la Bolivie fait face à un défi immense pour préserver son patrimoine naturel et culturel. La lutte contre ces incendies et la protection de l'Amazonie sont cruciales non seulement pour la Bolivie, mais pour l'ensemble de la planète.