Dans l'amphithéâtre de l'université Paris-Saclay, une scène inhabituelle se déroule. Laurent Fonbaustier, codirecteur du master Droit de l'environnement, a placé une vieille tabatière sur son bureau. Cette boîte, loin d'être un simple objet décoratif, symbolise l'approche novatrice du professeur.
"Vous pouvez y glisser vos remarques. Je m'engage à les lire ensuite, en amphithéâtre. Y compris quand j'en prends pour mon grade. Le tout premier mot que j'ai lu, lorsque j'ai mis en place cette routine, était le suivant : 'Qu'est-ce que ça fait de ressembler à Tchoupi ?'"
Cette anecdote illustre parfaitement l'atmosphère unique que Fonbaustier cherche à créer dans ses cours. En encourageant l'esprit critique et l'expression libre, il bouscule les conventions d'un domaine souvent perçu comme conservateur.
Le droit de l'environnement, apparu il y a environ 50 ans, est au cœur des débats actuels. Fonbaustier n'hésite pas à remettre en question son efficacité : "Le droit de l'environnement n'est pas écologique. Comment expliquez-vous que nous ayons franchi six limites planétaires, alors que le droit de l'environnement existe depuis cinquante ans ?"
Cette approche critique s'étend à d'autres sujets controversés. Le professeur encourage ses étudiants à explorer des perspectives diverses, y compris celles des climatosceptiques comme Claude Allègre, ou à approfondir leur compréhension des OGM.
La complexité du droit de l'environnement est soulignée par Emmanuelle Nef, chargée de TD : "Le droit de l'environnement est complexe, il se mêle souvent à d'autres disciplines, comme le droit de l'urbanisme, des affaires ou encore des collectivités territoriales. Il faut abandonner les positions manichéennes, avoir un champ de vue élargi."
Le master attire des profils variés, allant des ingénieurs aux diplômés de Sciences Po, en passant par des juristes en reconversion. Fonbaustier note : "Des publicistes essentiellement, mais aussi des privatistes repentis, spécialistes de l'optimisation fiscale, de la fusion-acquisition, qui soudain se réveillent."
Les discussions au sein du cours abordent des sujets audacieux, comme la désobéissance civile et les actions de sabotage écologique, inspirées par des penseurs comme Andreas Malm. Cette diversité de perspectives enrichit les débats et prépare les étudiants à affronter les défis complexes du droit environnemental moderne.
L'approche de Fonbaustier, qui mêle droit, sociologie, philosophie et anthropologie, offre une perspective unique dans l'enseignement du droit de l'environnement. Elle reflète la nécessité d'une approche interdisciplinaire pour relever les défis écologiques actuels, tels que le changement climatique et la perte de biodiversité.