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Tensions budgétaires : les collectivités locales face aux exigences de l'État

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Le gouvernement prévoit des réductions budgétaires de 60 milliards d'euros, dont 20 milliards demandés aux collectivités locales. Les maires contestent cette approche, soulignant leurs contraintes financières.

La France se trouve actuellement dans une situation financière délicate, avec une dette publique atteignant 111,6% du PIB en 2023. Face à ce défi, le gouvernement de Michel Barnier envisage un effort budgétaire considérable de 60 milliards d'euros dès 2025. Cette stratégie soulève des inquiétudes parmi les élus locaux, qui craignent que leurs collectivités ne soient mises à contribution de manière disproportionnée.

Le plan gouvernemental prévoit une répartition de l'effort : 20 milliards d'euros d'économies pour l'État, 20 milliards de hausses d'impôts pour les grandes entreprises et les plus fortunés, et 20 milliards demandés à la Sécurité sociale et aux collectivités locales. Cette dernière partie du plan a suscité une vive réaction lors de la réunion des maires à Sélestat les 2 et 3 octobre 2024.

Les collectivités locales, qui représentent environ 20% des dépenses publiques en France, se sentent injustement ciblées. Elles rappellent leur rôle crucial dans l'investissement public, assurant environ 70% de celui-ci au niveau national. De plus, avec un budget moyen par habitant d'environ 1 500 euros en 2024, les communes font déjà face à des contraintes budgétaires importantes.

La Cour des comptes a ajouté à la controverse en suggérant la suppression de 100 000 postes d'agents territoriaux. Cette proposition a été vivement critiquée par les maires, qui soulignent que la France compte environ 1,9 million de fonctionnaires territoriaux en 2024, essentiels au fonctionnement des services publics locaux.

Jean-François Debat, maire de Bourg-en-Bresse, a exprimé son incompréhension face à ces mesures d'économies :

Les paroles sont différentes. Mais, dans les faits, nous assistons à ce qui était prévu, ce qui était l'objectif de l'attaque dont nous avons été l'objet il y a un peu plus d'un mois

Les maires soulignent également les difficultés à réaliser des économies sur certains services essentiels. Marie-Claude Jarrot, maire de Montceau-les-Mines, évoque l'exemple de la piscine municipale, un service coûteux mais important pour la communauté.

Il est important de noter que les collectivités locales ont déjà fait des efforts considérables ces dernières années. Les dépenses de fonctionnement n'ont augmenté que de 1,2% en moyenne par an entre 2014 et 2024, tandis que les dépenses d'investissement ont baissé de 10% sur la même période.

La situation est d'autant plus complexe que les collectivités ont vu leurs ressources diminuer. La réforme de la taxe d'habitation a privé les communes d'environ 23 milliards d'euros de recettes annuelles, et les subventions de l'État aux collectivités locales ont diminué d'environ 11 milliards d'euros entre 2014 et 2024.

Face à ces défis, les maires appellent à une réflexion plus approfondie sur l'équilibre entre les besoins locaux et les objectifs budgétaires nationaux. Ils soulignent l'importance de maintenir des services publics de qualité tout en contribuant à l'effort de redressement des finances publiques.

Nicolette Mathieu

Économie