Géorgie : Une loi controversée sur les droits LGBTQIA+ promulguée

Le président du Parlement géorgien a promulgué une loi restrictive sur les droits LGBTQIA+, malgré le refus de la présidente. Cette décision soulève des inquiétudes quant à l'orientation pro-russe du pays.

3 octobre 2024, 09:33  •  32 vues

Géorgie : Une loi controversée sur les droits LGBTQIA+ promulguée

Le 3 octobre 2024, le président du Parlement géorgien, Shalva Papuashvili, a annoncé la promulgation d'une loi controversée restreignant les droits des personnes LGBTQIA+. Cette décision intervient malgré le refus de la présidente Salomé Zourabichvili de signer le texte, soulignant les tensions politiques croissantes dans ce pays du Caucase.

La Géorgie, située à la frontière entre l'Europe de l'Est et l'Asie de l'Ouest, est une république semi-présidentielle qui a déclaré son indépendance de l'Union soviétique en 1991. Avec une population d'environ 3,7 millions d'habitants, le pays est connu pour sa riche histoire, notamment sa culture vinicole vieille de 8000 ans.

La nouvelle loi, adoptée en septembre 2024 par les députés du parti au pouvoir, le Rêve géorgien, interdit la "propagande des relations homosexuelles et de l'inceste" dans les établissements d'enseignement et les émissions de télévision. Elle restreint également les rassemblements et manifestations liés à ces sujets.

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Cette législation a suscité de vives critiques de la part de l'Union européenne (UE) et des organisations de défense des droits humains. L'UE a exprimé son inquiétude, estimant que ce texte "porte atteinte aux droits fondamentaux des Géorgiens et risque de renforcer la stigmatisation et la discrimination d'une partie de la population".

La promulgation de cette loi intervient dans un contexte politique tendu, à l'approche des élections législatives prévues le 26 octobre 2024. Le parti Rêve géorgien, de plus en plus critique envers l'Occident, fait face à une opposition pro-occidentale qui l'accuse de dérive pro-russe.

Il est important de noter que la Géorgie a obtenu le statut de candidat à l'UE en 2023 et est membre du Conseil de l'Europe depuis 1999. Le pays a également signé un accord d'association avec l'UE en 2014, soulignant ses aspirations européennes. Cependant, l'adoption de législations controversées ces dernières années a nourri les tensions avec les pays occidentaux.

La nouvelle loi présente des similitudes avec la législation russe adoptée il y a environ 12 ans, ce qui alimente les inquiétudes quant à l'orientation politique du pays. Cette situation est d'autant plus complexe que la Russie a envahi la Géorgie en 2008 et soutient toujours deux républiques séparatistes sur son territoire : l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud.

Malgré ces tensions, la Géorgie continue officiellement d'ambitionner son adhésion à l'OTAN et à l'UE. Le pays, qui possède sa propre langue et son alphabet unique, est considéré comme l'un des berceaux de la civilisation européenne et a accueilli les Jeux Olympiques de la Jeunesse d'hiver en 2023.

Cette loi controversée s'ajoute à d'autres mesures contestées, comme la loi sur l'"influence étrangère" adoptée au printemps 2024, qui avait également suscité des manifestations massives et des critiques occidentales.

"En conformité avec la Constitution, j'ai signé aujourd'hui la loi sur les valeurs familiales et la protection des mineurs que la présidente Salomé Zourabichvili n'a pas signée"

Shalva Papuashvili, président du Parlement géorgien

Alors que la Géorgie continue de naviguer entre ses aspirations européennes et ses tensions internes, l'adoption de cette loi soulève des questions sur l'avenir des droits LGBTQIA+ dans le pays et sur son orientation politique à long terme.