Dans un contexte de tensions croissantes au Moyen-Orient, le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghtchi, a entrepris une mission diplomatique cruciale en Arabie saoudite et au Qatar les 9 et 10 octobre 2024. Cette visite intervient alors qu'Israël prépare sa riposte contre l'Iran, suite à une attaque iranienne survenue le 1er octobre 2024.
À Riyad, Araghtchi a été reçu par le prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salman, tandis qu'à Doha, il s'est entretenu avec le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, Mohammed Ben Abderrahmane Al Thani. Ces rencontres visent à prévenir une escalade régionale qui pourrait avoir des conséquences désastreuses pour la région.
Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmaeil Baghaei, a souligné l'importance de ces efforts diplomatiques :
"Il est de la responsabilité de tous les États de maximiser leurs efforts pour protéger notre région contre une catastrophe, en mettant fin au génocide à Gaza et à l'agression contre le Liban"
Cette visite s'inscrit dans un contexte de rétablissement des relations diplomatiques entre l'Iran et l'Arabie saoudite en 2023, après une rupture de sept ans. Elle témoigne également du rôle croissant du Qatar en tant que médiateur dans les conflits régionaux.
L'Iran aurait transmis aux puissances du Golfe une mise en garde contre l'utilisation de leur espace aérien ou de bases militaires américaines dans la région pour des actions contre Téhéran. Cette démarche souligne les inquiétudes concernant les bases américaines présentes dans la péninsule Arabique depuis la guerre du Golfe de 1990-1991.
Les pays arabes du Golfe, dont l'Arabie saoudite, plus grand exportateur de pétrole au monde, craignent de se retrouver pris entre deux feux en cas d'escalade entre les États-Unis et Israël d'une part, et l'Iran et ses alliés d'autre part. Les infrastructures pétrolières de la région pourraient devenir des cibles potentielles, menaçant l'économie mondiale dépendante du pétrole transitant par le détroit d'Ormuz.
La rencontre entre Araghtchi et Mohammed Ben Salman est perçue comme un "geste fort", témoignant de la confiance de la diplomatie saoudienne dans le fait que l'Iran ne s'en prendra pas aux intérêts saoudiens en représailles. Cette dynamique s'inscrit dans le cadre des efforts de l'Arabie saoudite pour diversifier son économie et réduire sa dépendance au pétrole, comme le prévoit son plan Vision 2030.
La situation reste tendue, avec la menace d'une possible implication des houthistes au Yémen, soutenus par l'Iran, qui pourraient reprendre leurs attaques contre l'Arabie saoudite ou les Émirats arabes unis. Le programme nucléaire iranien et le développement de missiles balistiques par Téhéran continuent d'être des sources de préoccupation pour la communauté internationale.
Cette crise met en lumière la complexité des relations régionales, où le Conseil de coopération du Golfe, regroupant six pays arabes, doit naviguer entre ses intérêts économiques, ses alliances avec les États-Unis et la nécessité de maintenir la stabilité régionale. Le Qatar, abritant la plus grande base aérienne américaine au Moyen-Orient et étant le plus grand exportateur mondial de gaz naturel liquéfié, joue un rôle particulièrement délicat dans cet équilibre.
Alors que la région retient son souffle, les efforts diplomatiques se poursuivent pour éviter une escalade qui pourrait avoir des répercussions bien au-delà du Moyen-Orient, affectant l'économie mondiale et la sécurité internationale.