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Seyne-les-Alpes dit adieu au ski : une décision citoyenne face au climat

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Les habitants de Seyne-les-Alpes ont voté pour la fermeture de leur station de ski, victime du réchauffement climatique. Cette décision s'inscrit dans une tendance nationale de reconversion des petites stations.

Dans les Alpes-de-Haute-Provence, la commune de Seyne-les-Alpes a pris une décision historique. Le 6 octobre 2024, ses habitants ont approuvé par référendum la cessation des activités de ski à la station du Grand Puy. Cette décision, soutenue par 71,31% des votants, marque un tournant pour cette station de moyenne montagne confrontée aux défis du changement climatique.

Le domaine skiable du Grand Puy, s'étendant sur 24 kilomètres de pistes entre 1 370 et 1 800 mètres d'altitude, a été durement touché par le réchauffement climatique. Les Alpes, particulièrement sensibles à ce phénomène, connaissent une augmentation des températures plus rapide que la moyenne mondiale. Cette situation a entraîné une diminution de l'enneigement naturel, affectant gravement la fréquentation de la station.

Face à des pertes financières croissantes, les élus locaux avaient déjà voté le 22 juillet 2024 en faveur de la fermeture des remontées mécaniques, prévue pour le 1er novembre. Cette décision a ensuite été soumise à l'approbation des citoyens, démontrant l'importance de la participation locale dans ces choix cruciaux.

Laurent Pascal, le maire de Seyne-les-Alpes, a évoqué les projets futurs pour la station :

"Nous envisageons de proposer à nos visiteurs des activités de sport et de nature respectueuses de l'environnement."

Déclaration du maire de Seyne-les-Alpes

Parmi les idées avancées figurent la transformation d'une retenue collinaire en lac de pêche et la construction d'un stade de trail. Ces projets s'inscrivent dans une tendance plus large de diversification des activités en montagne, visant à développer un tourisme quatre saisons plus durable.

Cette reconversion n'est pas un cas isolé. Le même jour, la communauté de communes de Matheysine, en Isère, a décidé de mettre fin aux subventions pour la station de l'Alpe du Grand Serre, après 85 ans d'existence. Ces fermetures s'ajoutent aux plus de 180 domaines skiables qui ont cessé leur activité en France depuis les années 1970, principalement des microstations familiales ou communales en moyenne montagne.

Selon Pierre-Alexandre Metral, géographe et doctorant à l'université de Grenoble, spécialiste des stratégies de reconversion, ces fermetures touchent principalement les stations non rentables situées à basse et moyenne altitude. La recherche académique sur ce sujet se développe, reflétant l'importance croissante de cette problématique.

La décision de Seyne-les-Alpes soulève des questions cruciales sur l'avenir du tourisme de montagne. Le démantèlement des remontées mécaniques et la reconversion des infrastructures existantes posent des défis en termes d'aménagement du territoire et d'impact environnemental. Cependant, ces changements offrent aussi des opportunités pour repenser le tourisme montagnard de manière plus durable et respectueuse de l'environnement.

La transition vers des activités comme le trail running, la pêche en lac de montagne, ou d'autres sports de nature, pourrait permettre à ces régions de maintenir une activité touristique tout en s'adaptant aux nouvelles réalités climatiques. Cette évolution nécessitera une collaboration étroite entre les communautés locales, les autorités et les experts en développement durable.

Alors que le paysage des sports d'hiver continue d'évoluer, l'exemple de Seyne-les-Alpes illustre l'importance de l'implication citoyenne et de l'adaptation face aux défis environnementaux. Cette décision courageuse pourrait servir de modèle à d'autres communautés confrontées à des dilemmes similaires dans les années à venir.

Angelique Labbé

Économie