Tebboune rejette une visite en France, les tensions persistent

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a catégoriquement rejeté l'idée d'une visite en France, qualifiant une telle démarche d'humiliante dans le contexte actuel des relations franco-algériennes. Cette déclaration intervient dans un climat de tensions renouvelées entre les deux nations, exacerbées par des différends diplomatiques et historiques persistants.

Tebboune, réélu le 7 septembre 2024 avec un score écrasant de 94,65%, a utilisé l'expression "Je n'irai pas à Canossa" pour souligner son refus de s'humilier devant la France. Cette référence historique, popularisée par Bismarck, évoque la soumission d'un dirigeant à une autorité supérieure.

Les relations entre l'Algérie et la France se sont considérablement détériorées suite à l'annonce du soutien français au plan d'autonomie marocain pour le Sahara occidental en juillet 2024. En réponse, Alger a rappelé son ambassadeur et réduit sa représentation diplomatique en France.

Le président algérien a abordé plusieurs points de contentieux historiques, notamment la période de colonisation française de 1830 à 1962. Il a accusé la France d'avoir mené un "génocide" durant cette période, citant des chiffres démographiques pour étayer ses propos. Tebboune a également évoqué les essais nucléaires français menés en Algérie entre 1960 et 1966, exigeant le nettoyage des sites contaminés comme condition préalable à l'amélioration des relations.

L'accord franco-algérien de 1968, qui accorde un statut particulier aux Algériens en France, a également été discuté. Tebboune a critiqué son utilisation par l'extrême droite française, le qualifiant d'"étendard" pour les mouvements anti-immigration.

Il est important de noter que l'Algérie, le plus grand pays d'Afrique en superficie, joue un rôle crucial dans la région. Membre non permanent du Conseil de sécurité de l'ONU pour 2024-2025, l'Algérie est également le premier producteur de gaz naturel en Afrique et le deuxième plus grand exportateur de gaz naturel vers l'Europe.

Malgré ces tensions, il convient de rappeler que les liens entre l'Algérie et la France restent complexes et multidimensionnels. Le français demeure largement utilisé en Algérie, notamment dans l'enseignement supérieur, et le pays a accueilli les Jeux méditerranéens en 2022, témoignant de son ouverture internationale.

La situation actuelle souligne la nécessité d'un dialogue approfondi pour aborder les questions historiques et contemporaines qui continuent d'affecter les relations franco-algériennes. L'avenir de ces relations dépendra de la capacité des deux pays à trouver un terrain d'entente sur ces sujets sensibles.

"On demande la vérité historique"

Cette déclaration résume l'approche du président algérien, qui insiste sur la reconnaissance des faits historiques comme base pour toute amélioration des relations bilatérales.