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Secteur public vs privé : un fossé qui se comble lentement

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Les différences entre secteurs public et privé persistent, mais des efforts d'adaptation émergent. La fonction publique innove pour attirer des talents, tandis que la rigidité des carrières reste un défi.

Dans le paysage professionnel français, les secteurs public et privé ont longtemps été perçus comme deux mondes distincts. Cette perception persiste, malgré des efforts récents pour combler le fossé. Un exemple frappant est celui d'Arnaud, ancien conseiller ministériel, qui a récemment fait le saut vers le privé.

Après seulement une semaine dans sa nouvelle entreprise, Arnaud se trouve confronté à une réalité bien différente de celle qu'il a connue dans la fonction publique. La liberté d'action dont il jouissait au ministère contraste fortement avec les exigences de justification de son temps de travail dans le privé. Cette expérience illustre les perceptions mutuelles souvent négatives entre les deux secteurs.

Le secteur privé tend à considérer les fonctionnaires comme peu performants, tandis que la fonction publique perçoit les entreprises comme obsédées par le profit. Ces stéréotypes persistent malgré les efforts de rapprochement. En effet, la mobilité entre les deux secteurs reste limitée, bien que le gouvernement français encourage cette pratique depuis 2019.

Cependant, des changements s'opèrent progressivement. Sigrid Berger, fondatrice de Profil public, une start-up spécialisée dans le recrutement public, observe :

Pendant longtemps, la transformation du service public a été tournée vers les usagers au détriment des conditions de travail des agents, mais il y a eu une inversion après les confinements liés au Covid.

Sigrid Berger, fondatrice de Profil public

Cette évolution se traduit par une plus grande flexibilité dans l'organisation du travail, notamment avec l'introduction du télétravail et de structures plus transversales. Ces changements visent à compenser les salaires moins compétitifs du secteur public.

Un exemple innovant est celui de la communauté de communes de Grand Lieu en Loire-Atlantique. Dès 2001, face à un manque de candidatures, cette collectivité a proposé une semaine de travail de 4,5 jours, regroupant les 36 heures 30 hebdomadaires. Hélène Savina, directrice générale des services, souligne le succès de cette initiative : "Cette organisation qui permet beaucoup de confort a été choisie par 99 % de nos collaborateurs."

Malgré ces avancées, la fonction publique française, qui comptait environ 5,7 millions de fonctionnaires en 2022, reste confrontée à des défis structurels. La rigidité des carrières, liée au statut de fonctionnaire créé en 1946, demeure un frein pour de nombreux candidats. L'avancement est souvent perçu comme lent et les possibilités de mobilité limitées.

Pour répondre à ces enjeux, des initiatives comme la loi de transformation de la fonction publique de 2019 visent à moderniser le secteur. L'introduction de concepts issus du "New Public Management", tels que la rémunération au mérite, fait l'objet de débats. Parallèlement, le développement de la formation continue et du Compte Personnel de Formation pour les fonctionnaires témoigne d'une volonté d'adaptation.

En conclusion, si les différences entre secteurs public et privé persistent, des efforts sont faits des deux côtés pour s'adapter aux attentes des employés modernes. Le défi reste de concilier la mission de service public avec une gestion plus dynamique des carrières, tout en préservant les avantages spécifiques à chaque secteur.

Nicolette Mathieu

Affaires