Dans un contexte géopolitique tendu, Vladimir Poutine démontre une fois de plus son habileté tactique en tirant parti des conflits au Moyen-Orient pour consolider la position de la Russie sur la scène internationale. Le président russe, au pouvoir depuis 2000 avec une brève interruption, s'efforce de renforcer les liens de son pays avec le Sud global, un terme désignant les nations en développement principalement situées dans l'hémisphère sud.
La stratégie de Poutine s'articule autour d'un soutien affiché à la cause palestinienne, un conflit vieux de plus de 70 ans. Cette position lui permet de se présenter comme un défenseur de l'anticolonialisme et de l'antiaméricanisme, des thèmes qui résonnent fortement auprès des pays du Sud. Malgré ses relations complexes avec le Premier ministre israélien et la présence d'une importante diaspora russe en Israël, estimée à environ 900 000 personnes, le Kremlin continue d'appeler à la création d'un État palestinien.
Cette approche diplomatique s'inscrit dans une longue tradition d'implication russe au Moyen-Orient, remontant à l'époque soviétique. En tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, la Russie a souvent utilisé son droit de veto sur des questions liées à la région, renforçant ainsi son influence.
"Au Proche-Orient comme en Afrique, les pays du Sud voient le soutien du Kremlin aux Palestiniens. Cela a fortement accru son image et sa crédibilité."
Cette perception positive est corroborée par un diplomate d'un pays africain, qui reconnaît l'impact de la position russe sur l'opinion publique et les élites de son pays, notamment en contraste avec le soutien occidental à Israël.
Poutine exploite également la présidence russe des BRICS en 2024 pour amplifier ses messages. Ce groupe de pays émergents, comprenant le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud, offre une plateforme idéale pour promouvoir la vision russe d'un monde multipolaire.
La stratégie russe ne se limite pas au Moyen-Orient. Au cours de la dernière décennie, la Russie a considérablement renforcé sa présence militaire et économique en Afrique. Le commerce russo-africain a doublé entre 2013 et 2023, et la Russie a conclu des accords de coopération militaire avec plus de 30 pays africains. Le groupe Wagner, une organisation paramilitaire russe, est actif dans plusieurs pays du continent, illustrant l'approche multidimensionnelle de Moscou.
En parallèle, Poutine cherche à détourner l'attention de la situation en Ukraine, où le conflit a débuté en 2014 avec l'annexion de la Crimée. En soulignant l'échec perçu de la diplomatie occidentale au Moyen-Orient, le Kremlin tente de suggérer que le soutien à l'Ukraine pourrait s'affaiblir face aux nouvelles priorités régionales.
Cette stratégie complexe démontre la capacité de la Russie à exploiter les tensions internationales pour renforcer son influence globale, tout en restant concentrée sur ses propres priorités géopolitiques.