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Percée majeure : Cartographie complète du cerveau de la drosophile

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Des chercheurs ont cartographié avec précision le cerveau d'une mouche du vinaigre, révélant 139 255 neurones et 54,5 millions de synapses. Cette avancée ouvre de nouvelles perspectives pour la recherche en neurosciences.

Une équipe internationale de chercheurs a réalisé une prouesse scientifique en cartographiant avec une précision sans précédent le cerveau d'une mouche du vinaigre, également connue sous le nom de Drosophila melanogaster. Cette étude, publiée il y a un an dans la revue Nature, révèle la complexité étonnante de cet organe minuscule.

Le projet FlyWire, un consortium international de scientifiques, a identifié 139 255 neurones et 54,5 millions de synapses dans le cerveau d'une drosophile adulte. Ce qui est remarquable, c'est que cet organe n'est pas plus gros qu'un grain de sable, occupant environ 30% du volume de la tête de l'insecte.

Pour réaliser cette cartographie, les chercheurs ont dû relever un défi technique considérable. Ils ont découpé le cerveau en 7 000 tranches ultrafines, examinées initialement à la main. Ensuite, une intelligence artificielle a pris le relais pour analyser les images, suivie de corrections humaines. Cette approche a permis d'identifier plus de 8 000 types de cellules, un résultat inattendu qui souligne la diversité cellulaire de ce petit cerveau.

Cette étude a révélé des connexions surprenantes entre différents circuits sensoriels. Par exemple, des neurones impliqués dans la vision reçoivent également des signaux provenant des circuits auditifs et tactiles. Cette découverte suggère une intégration sensorielle plus complexe que ce que l'on pensait auparavant.

Il est fascinant de noter que malgré sa petite taille, le cerveau de la drosophile est capable de gérer des comportements sophistiqués. Ces insectes peuvent marcher, voler, apprendre, mémoriser, naviguer et même interagir socialement. Ils partagent environ 75% des gènes liés aux maladies humaines, ce qui en fait un modèle précieux pour la recherche médicale.

La cartographie détaillée du cerveau de la drosophile ouvre de nouvelles perspectives pour la compréhension des mécanismes cérébraux. Elle pourrait aider à élucider comment les dysfonctionnements dans les circuits neuronaux peuvent entraîner des troubles neurologiques. Cette avancée est d'autant plus importante que les drosophiles ont des rythmes circadiens similaires à ceux des humains et peuvent même développer une préférence pour l'alcool, ce qui en fait des modèles pertinents pour certaines études comportementales.

Le projet FlyWire, soutenu par des instituts de recherche américains ainsi que par des géants de la technologie comme Google et Amazon, illustre l'importance de la collaboration entre la recherche académique et l'industrie. Cette synergie a permis de surpasser le précédent record de précision dans la cartographie du cerveau d'une mouche, qui s'était arrêté à environ 20 000 neurones et 14 millions de synapses.

Cette recherche pourrait avoir des implications significatives pour l'étude du vieillissement cérébral et des effets des radiations sur le système nerveux, deux domaines dans lesquels les drosophiles ont déjà été utilisées comme modèles. De plus, la capacité de ces insectes à apprendre à associer des odeurs à des récompenses ou des punitions pourrait fournir des insights précieux sur les mécanismes d'apprentissage et de mémoire.

En conclusion, cette cartographie détaillée du cerveau de la drosophile représente une avancée majeure dans le domaine des neurosciences. Elle offre une ressource inestimable pour la recherche future, promettant de nouvelles perspectives sur le fonctionnement du cerveau et potentiellement de nouvelles approches pour le traitement des troubles neurologiques.

Nicolette Mathieu