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L'Ukraine en territoire russe : une offensive audacieuse à Koursk

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L'offensive ukrainienne dans la région russe de Koursk marque un tournant dans le conflit. Cette opération soulève des questions sur le statut juridique de l'Ukraine en tant que force d'occupation.

L'offensive ukrainienne dans la région russe de Koursk, lancée le 6 août 2024, a marqué un tournant significatif dans le conflit russo-ukrainien. Cette opération audacieuse, menée à environ 500 km au sud de Moscou, a permis à Kiev de reprendre l'initiative et de remonter le moral de ses troupes, malgré les avancées russes dans le Donbass.

Les forces armées ukrainiennes affirment aujourd'hui contrôler environ 1 000 km² de territoire russe, une superficie modeste comparée aux 30 000 km² que compte la région de Koursk. Elles déclarent également avoir "stoppé" la contre-offensive russe, bien que Moscou conteste cette affirmation.

Cette incursion place l'Ukraine dans une position inédite depuis le début de l'invasion russe le 24 février 2022 : celle d'armée d'occupation. Selon l'article 42 des conventions de La Haye, qui régissent le droit de la guerre, "un territoire est considéré comme occupé lorsqu'il se trouve placé de fait sous l'autorité de l'armée ennemie".

Oleksandr Merezhko, président du comité des affaires étrangères au sein de la Rada (le parlement ukrainien), reconnaît : "D'un point de vue légal, il s'agit effectivement d'une occupation militaire". Cependant, ce député et professeur de droit international préfère utiliser un "autre terme" pour décrire l'opération à Koursk.

"Le mot 'occupation' est connoté trop négativement. L'occupation russe est un crime, car Moscou est l'agresseur, tandis que l'occupation ukrainienne est une réponse à ce crime."

Oleksandr Merezhko

La légalité de l'opération n'est pas contestée par la communauté internationale. Elle est conforme à l'article 51 de la charte des Nations unies sur le droit de légitime défense en cas d'agression armée. Peter Stano, porte-parole pour les affaires étrangères de l'UE, a déclaré le 7 août 2024 : "L'Ukraine mène une guerre défensive légitime contre une agression illégale et a le droit de frapper l'ennemi là où elle le juge nécessaire, sur son propre territoire, mais aussi sur le territoire de l'ennemi".

Dmytro (nom changé), un soldat ukrainien de 41 ans déployé à Koursk au début de l'opération, préfère parler de "transfert de la guerre sur le territoire russe" plutôt que d'occupation. Il affirme : "Je ne me considère pas comme un occupant, parce que nous ne sommes pas des terroristes comme les Russes".

Cette situation soulève des questions complexes sur le droit international humanitaire et la conduite des hostilités. Alors que la Russie possède le plus grand arsenal nucléaire du monde, l'Ukraine bénéficie d'un soutien renforcé de l'OTAN depuis 2022. La guerre russo-ukrainienne a déjà provoqué la plus grande crise de réfugiés en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, et cette nouvelle phase du conflit pourrait avoir des implications géopolitiques majeures.

L'offensive de Koursk rappelle la célèbre bataille de chars qui s'y est déroulée en 1943, l'une des plus grandes de l'histoire. Aujourd'hui, cette région frontalière de l'Ukraine se retrouve à nouveau au cœur d'un conflit majeur, illustrant la complexité des relations entre les deux pays depuis la déclaration d'indépendance de l'Ukraine en 1991.