Le Rassemblement National (RN) a inauguré sa "campagne permanente" lors d'un rassemblement à Nice le 6 octobre 2024, devant plus de 4 000 personnes. Cette initiative marque une nouvelle étape dans la stratégie du parti d'extrême droite, qui parie sur une éventuelle dissolution de l'Assemblée nationale à l'été 2025.
Marine Le Pen et Jordan Bardella, figures de proue du parti, ont pris la parole lors de cet événement. Leur discours s'est largement concentré sur les élections législatives passées, critiquant les alliances politiques qui, selon eux, les ont empêchés d'accéder au pouvoir.
Bardella a déclaré : « On n'arrête pas un peuple qui s'est remis à espérer. » Cette phrase reflète la stratégie du RN de maintenir une dynamique électorale continue, malgré l'absence d'élections imminentes.
Le parti, fondé en 1972, traverse une période paradoxale. Il se positionne comme soutien critique du gouvernement tout en faisant face à des problèmes judiciaires. Un procès pour détournement de fonds européens, passible de 10 ans d'emprisonnement, devrait se conclure en novembre 2024.
Le RN, qui a obtenu un nombre record de 89 sièges à l'Assemblée nationale en 2022, semble recycler ses promesses électorales sans proposer de nouvelles idées concrètes. Cette approche soulève des questions sur la viabilité de leur stratégie à long terme.
La position du parti vis-à-vis du gouvernement actuel reste ambiguë. Bien que critique, le RN semble réticent à s'associer à la gauche pour une motion de censure, préférant "donner une chance" à l'exécutif.
Cette stratégie s'inscrit dans un contexte politique plus large. Le "front républicain", une alliance traditionnelle contre l'extrême droite, est vivement critiqué par le RN. Pourtant, le parti lui-même n'a jamais participé à un gouvernement en France.
Le choix de Nice pour ce rassemblement n'est pas anodin. Cinquième ville la plus peuplée de France, elle se situe dans les Alpes-Maritimes, un bastion historique de la droite. L'absence du député local Eric Ciotti, pourtant allié du RN, a été remarquée.
Le nouveau slogan du parti, "Jusqu'à la victoire", fait écho à la devise du Che Guevara, une référence surprenante pour un parti d'extrême droite. Cette appropriation symbolique illustre la volonté du RN de transcender les clivages politiques traditionnels.
Alors que le RN continue de contester le terme "extrême droite", préférant se définir comme "droite nationale", sa stratégie de "dédiabolisation" entamée en 2018 avec son changement de nom se poursuit. L'avenir dira si cette approche permettra au parti de surmonter les obstacles qui l'ont jusqu'à présent empêché d'accéder au pouvoir.
« Quelle viabilité peut avoir un tel gouvernement ? C'est la question que tous les Français nous posent. »
Cette déclaration de Bardella illustre la position délicate du RN, qui critique le gouvernement tout en évitant de prendre des mesures concrètes pour le renverser. Cette ambiguïté pourrait être perçue comme un manque de cohérence par certains électeurs.
En conclusion, le Rassemblement National semble miser sur une stratégie de campagne continue, espérant capitaliser sur un éventuel mécontentement populaire. Cependant, le parti devra clarifier sa position et proposer des idées nouvelles s'il souhaite convaincre au-delà de sa base traditionnelle.