L'économie israélienne traverse une période d'incertitude croissante suite à l'offensive militaire lancée contre le Liban le 1er octobre 2024. Cette opération, survenant près d'un an après l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023, accentue les pressions sur une économie déjà fragilisée.
L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) avait déjà mis en garde en mai 2024 contre les risques d'un conflit au nord, prévoyant un impact significatif sur la consommation et l'activité économique. Ces prévisions semblent se concrétiser, avec une croissance en chute libre passant de 6,5% en 2022 à seulement 1,1% prévus pour 2024, selon les dernières estimations gouvernementales.
La pénurie de main-d'œuvre affecte gravement plusieurs secteurs clés. Dans le bâtiment, la suspension des permis de travail pour les Palestiniens a entraîné l'arrêt de jusqu'à 80% des chantiers. Pour y remédier, le gouvernement a annoncé des incitations financières pour attirer des travailleurs israéliens et facilité l'arrivée de 20 000 travailleurs étrangers.
L'agriculture, pilier de la sécurité alimentaire israélienne, connaît également une crise sans précédent. Uri Dorman, secrétaire général de la fédération agricole israélienne, souligne l'importance cruciale de ce secteur pour un pays "qui vit comme sur une île". Face au manque de main-d'œuvre, l'industrie se tourne vers la mécanisation et l'innovation technologique, domaines dans lesquels Israël excelle déjà.
"L'agriculture connaît sa plus grave crise depuis la création de l'État d'Israël"
Cette situation économique tendue survient dans un contexte où Israël, fondé en 1948, fait face à de multiples défis. Le pays, reconnu pour son secteur high-tech dynamique et ses innovations en matière d'agriculture et de cybersécurité, doit maintenant naviguer entre ses ambitions économiques et les réalités géopolitiques complexes de la région.
L'impact sur le tourisme, secteur clé souvent affecté par les conflits, reste à évaluer. De même, l'industrie de la défense, pilier majeur de l'économie israélienne, pourrait connaître des développements significatifs dans ce contexte tendu.
Alors que le shekel, monnaie nationale depuis 1980, subit des pressions, la Banque d'Israël fait face à un défi de taille pour maintenir la stabilité économique. L'inflation et la hausse des prix du logement restent des préoccupations majeures, comme le souligne l'économiste Nadine Baudot-Trajtenberg, ancienne gouverneure adjointe de la banque centrale.
Face à ces défis, Israël devra s'appuyer sur ses forces traditionnelles : sa capacité d'innovation, son industrie high-tech florissante et son esprit entrepreneurial reconnu mondialement. La résilience économique du pays sera mise à l'épreuve dans les mois à venir, alors que la situation géopolitique reste volatile.