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Incertitude sur l'avenir des cétacés de Marineland d'Antibes

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Le sort des dauphins et orques de Marineland reste flou malgré la loi de 2021. Un rapport examine les options de transfert, soulevant des questions sur le bien-être animal et les défis financiers.

L'avenir des cétacés captifs en France demeure incertain, près de trois ans après l'adoption de la loi contre la maltraitance animale en novembre 2021. Cette législation, qui prévoit la fin des spectacles de dauphins et d'orques dans les delphinariums d'ici fin 2026, a mis en lumière la situation complexe des derniers cétacés détenus en parc aquatique.

Le Marineland d'Antibes, dans les Alpes-Maritimes, se trouve au cœur de cette problématique avec ses douze dauphins et deux orques restantes. Marineland, fondé en 1970, cherche activement à se séparer de ces mammifères marins, autrefois attraction phare, devenus aujourd'hui source de controverse.

La pression sur le parc s'est intensifiée suite au décès de deux de ses quatre orques en octobre 2023 et mars 2024. Ces événements ont ravivé le débat sur le bien-être des cétacés en captivité, sachant que les orques peuvent vivre jusqu'à 80 ans dans leur habitat naturel et parcourir jusqu'à 160 km par jour.

Face à cette situation, le ministère de la Transition écologique a mandaté l'Inspection générale de l'environnement du développement durable (IGEDD) pour étudier les options de transfert. Le rapport, rendu public fin septembre 2024, révèle que Marineland aurait conclu un contrat en 2023 avec le parc Kobe Suma Sea World au Japon pour y transférer ses orques. Cette option soulève des inquiétudes, le Japon étant connu pour sa législation peu protectrice envers les cétacés.

Le rapport préconise d'explorer en priorité le transfert vers le sanctuaire du Whale Sanctuary Project (WSP) en Nouvelle-Écosse, au Canada. Ce projet, initié en 2016 par des ONG et des scientifiques, n'est pas encore opérationnel et comporte des risques tant pour le bien-être animal que pour le financement. La Nouvelle-Écosse, réputée pour ses observations de baleines en liberté, pourrait offrir un environnement plus naturel aux orques.

Une alternative "pragmatique" serait le transfert vers le Loro Parque aux Canaries, bien que les bassins y soient plus petits qu'à Marineland. Christine Grandjean, présidente de l'ONG C'est assez !, estime que cette option reste préférable à celle du Japon, permettant aux associations européennes d'avoir un accès aux cétacés.

"Les bassins y sont plus petits qu'au Marineland, mais cette option reste moins mauvaise que celle du Japon, où les cétacés n'ont aucun statut légal et, au moins, les associations européennes y auraient accès"

Christine Grandjean, présidente de l'ONG C'est assez !

Ce débat s'inscrit dans un contexte plus large de remise en question des delphinariums. Depuis les années 2000, la sensibilisation du public au sort des cétacés en captivité s'est accrue, notamment suite au film "Free Willy" en 1993. Les recherches ont montré que les orques possèdent l'un des cerveaux les plus grands et complexes du règne animal, capables de reconnaissance de soi et dotés de cultures uniques selon leurs populations.

La décision finale sur le sort des cétacés de Marineland devra prendre en compte non seulement le bien-être animal, mais aussi les défis financiers et logistiques. Quelle que soit l'option choisie, elle marquera un tournant dans l'histoire des cétacés en captivité en France, reflétant l'évolution de notre compréhension et de notre relation avec ces créatures marines extraordinaires.