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Finances publiques : au-delà des solutions traditionnelles

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Face au déficit public élevé, la France explore des alternatives à la réduction des dépenses et à l'augmentation des impôts. La prévention et la modulation tarifaire émergent comme pistes prometteuses.

La situation financière de la France suscite une inquiétude croissante. Selon les prévisions, le déficit public atteindra environ 6% du produit intérieur brut en 2024, un chiffre alarmant qui nécessite une action urgente. Cette réalité économique, loin d'être une simple opinion, représente un défi concret pour le gouvernement et les citoyens français.

Traditionnellement, deux approches sont envisagées pour résoudre ce problème : la réduction des dépenses publiques ou l'augmentation de la fiscalité. Cependant, ces solutions ne sont pas sans risques. Le mouvement des "gilets jaunes", qui a débuté en novembre 2018, a mis en lumière le mécontentement social face à la diminution des services publics et à la hausse des taxes indirectes. De même, les réticences exprimées par le président du Medef concernant une potentielle augmentation de la fiscalité des entreprises reflètent les craintes du secteur privé quant à sa capacité d'investissement.

Face à ces défis, des approches alternatives émergent. La prévention et la gestion active des risques apparaissent comme des stratégies prometteuses pour réduire les dépenses publiques. Les investissements dans la sécurité routière, par exemple, ont permis de réduire considérablement le nombre de décès sur les routes françaises, passant de 18 034 en 1972 à 3 244 en 2019. De même, les efforts de prévention dans le domaine de la santé publique, bien qu'ils ne représentent actuellement que 2% des dépenses de santé, ont le potentiel de générer des économies significatives à long terme.

La lutte contre l'échec scolaire et le renforcement de la formation professionnelle constituent également des axes prioritaires. Chaque année, environ 100 000 jeunes quittent le système scolaire sans diplôme en France. En investissant dans l'éducation et la formation, qui représente déjà 5,3% du PIB français, le gouvernement peut réduire les coûts sociaux à long terme et stimuler la croissance économique.

Une autre piste innovante consiste à généraliser la modulation tarifaire des services publics en fonction des ressources des usagers. Cette approche, déjà appliquée dans certains domaines comme la restauration scolaire et les activités périscolaires, pourrait être étendue à d'autres services. La loi du 8 avril 2024 sur le bien-vieillir et l'autonomie a ouvert la voie à une différenciation tarifaire pour les établissements d'hébergement pour personnes âgées, qui accueillent environ 600 000 résidents en France.

"La possibilité d'une différentiation tarifaire pour les établissements d'hébergement pour personnes âgées est introduite."

Article 24 de la loi du 8 avril 2024

Cette approche permettrait d'augmenter les recettes de l'État de manière équitable, tout en préservant l'accès aux services publics pour tous les citoyens.

Il est important de noter que ces solutions alternatives s'inscrivent dans un contexte où la France consacre déjà une part importante de son PIB aux dépenses publiques, soit environ 55%, le taux le plus élevé parmi les pays de l'OCDE. Le système de protection sociale français, qui représente environ 31% du PIB, joue un rôle crucial dans le maintien du tissu social, mais nécessite une gestion prudente et innovante pour assurer sa pérennité.

En conclusion, face à un déficit public préoccupant, la France doit explorer des solutions qui vont au-delà des approches traditionnelles. La prévention, la gestion des risques et la modulation tarifaire des services publics offrent des pistes prometteuses pour améliorer les finances publiques tout en préservant la cohésion sociale et la croissance économique.

Angelique Labbé

Économie